En plein confinement à Brioude (Haute-Loire), les habitants, prudents, bravent le coronavirus et restent fidèles au marché
"Je ne vois pas pourquoi nourrir la grande distribution au détriment des petits producteurs." Nathalie, comme des dizaines d'autres Brivadois, a pris le parti de continuer, ce samedi 21 mars au matin, en s'armant de précautions, de faire ses courses alimentaires sur le marché de Brioude.
Je ne vois pas pourquoi nourrir la grande distribution au détriment des petits producteurs.
Parmi les ruelles et places quasi désertes, pour qui a l'habitude de parcourir le marché du samedi, elle s'est arrêtée au camion de fromage de Maryline et Pascale, place du Postel. Les deux commerçantes sont très claires : "On est foutues s'ils nous arrêtent le marché pendant deux mois..." Si elles vendent aussi en crémerie, elles précisent qu'elle ne pourraient survivre sans les marchés : "On a besoin des deux. On a beaucoup de production en ce moment. Les coopératives ne prennent plus de lait. On en est à tarir les vaches pour moins produire."Brioude. Marché du samedi en pleine épidémie de coronavirus covid-19
Pas de caddie ni d'air conditionnéContrairement à plusieurs autres communes, la municipalité brivadoise a fait le choix de conserver son marché hebdomadaire en le limitant aux ventes de produits alimentaires. Un choix qui faisait forcément causer sur les échoppes, les personnes présentes étant bien entendu pour le maintien du rendez-vous. Une discussion débutait, à distance forcément, entre un maraîcher et les fromagères de la place du Postel. "Sur le marché, les gens ont leur cabat. Il n'y a pas de caddie où tout le monde pose ses mains, insistait le vendeur. Et on est en plein air. Dans les grandes surfaces, c'est de l'air conditionné."
Incontournables contrôlesLes gendarmes ont procédé à de nombreux contrôles d'attestationsLes gendarmes brivadois étaient présents ce samedi 21 mars, sur le marché de Brioude. Ils contrôlaient les attestations et les pièces d'identités des clients. Certains, n'ayant ni l'un ni l'autre, n'ont pas échappé à l'amende...
Brioude. Marché du samedi en pleine épidémie de coronavirus covid-19Et les commerçants d'expliquer que les gens prenaient le pli des consignes sanitaires et restaient les plus prudents possibles. "Il y a des personnes qui viennent tous les samedis en couple. Aujourd'hui, il n'y avait qu'un des deux", remarquait un maraîcher. "Comme tout le monde reste raisonnable, le risque n'est pas plus important qu'ailleurs", estime Serge, vendeur de fromage. Producteur, il vend aussi au sein d'un drive fermier, qui ne l'aide pas plus en cette période de confinement : "Le problème, c'est que ce drive est à la campagne. Donc les gens ne peuvent pas venir..."
Comme tout le monde reste raisonnable, le risque n'est pas plus important qu'ailleurs.
Se rapprocher d'autres drive pour écouler sa production ? Serge ne le souhaite pas : "Je ne peux pas prendre de nouveaux clients. Quand cela redeviendra normal, on aura de nouveau du mal à fournir tous nos clients." Le vendeur pointait un autre fait : "Nos clients font essentiellement leurs courses le samedi matin au marché. Ils ne vont pas ailleurs..."Brioude. Marché du samedi en pleine épidémie de coronavirus covid-19
Soutenir l'agriculture paysanneAcheter au marché en prenant ses précautions reste, en cette période de crise, "un bon soutien à l'agriculture paysanne, estime Guy, installé rue Sébastopol. On a des gants, du produit désinfectant et on reste loin des personnes. On discute à 5 mètres de distance". Le jeune homme, qui vend également ses fromages et yaourts dans un drive fermier de Brives-Charensac, "pris d'assaut mardi avant le confinement", ne peut s'empêcher de décrire l'ambiance de ce samedi matin. "Je suis à la campagne toute la semaine avec mes bêtes. Cela fait bizarre de voir les routes vides comme un dimanche. Et de croiser des clients avec des masques."
Un service adapté aux consignes sanitairesBrioude. Marché du samedi en pleine épidémie de coronavirus covid-19En plus des clients respectant autant que possible les consignes, beaucoup de commerçants se sont adaptés pour renforcer les mesures barrières. Maryline et Pascale se sont ainsi réparties les tâches : l'une sert les clients, l'autre se charge de manipuler l'argent. Et tout cela avec des gants bien sûr.
Merci de nous demander pour vous servir.
Le principe est le même sur le stand de l'Association l'ARBRE, place Lafayette. Entre Anaïs et Elisabeth, l'une sert et l'autre manipule l'argent. Le stand est équipé de petits panneaux très clairs : "Merci de nous demander pour vous servir" et un flacon de gel hydroalcoolique est installé à côté de la caisse, pour les clients.
Pierre Hébrard