Dans l'Allier, les enterrements se déroulent dans la plus stricte intimité
Contrecoup funeste des mesures de confinement : les obsèques ont lieu dans la plus stricte intimité. Dans le diocèse de Moulins, si l'évêché autorise toujours cette cérémonie à l'église, celle-ci est restreinte à la présence de vingt personnes. Les célébrations sont également limitées dans la durée, souligne le père Claude Herbach, recteur de la cathédrale de Moulins : "Pas de messe mais, plus rapides, des bénédictions".
Seule la famille rapprochée est admiseAvec des mesures de précaution à respecter. Les participants sont séparés par au moins une chaise et installés un rang sur deux. Il leur est également interdit de poser la main sur le cercueil. Les contraintes sont similaires au funérarium, au crématorium ou au cimetière : seule la présence de la famille rapprochée est autorisée pour l'enterrement. En appliquant, là aussi, les règles de distanciation. Pas d'embrassades, d'accolades, de poignées de main...
Claude Herbach, curé et recteur de la cathédrale de MoulinsPerdre un proche et ne pas pouvoir lui dire au-revoir dans les conditions souhaitées. C'est l'une des conséquences douloureuses du contexte sanitaire : "Mais jusqu'à présent, je n'ai eu aucune réprimande de la part des familles des défunts, confie le père Herbach. Toutes ont bien conscience de cette situation très sérieuse et se montrent compréhensives à propos du respect des consignes de sécurité".
Le précieux secours de la technologieClaude Herbach, lui aussi, a dû s'adapter pour les accompagner et les soutenir dans le deuil. Il travaille davantage par téléphone pour préparer la cérémonie religieuse. Le contact humain étant lourdement entravé en ces temps d'épidémie, la technologie lui est d'un secours précieux dans son sacerdoce régit par l'empathie :
"Pour préparer deux cérémonies d'obsèques, j'ai utilisé Skype pour communiquer avec les familles. C'est plus fort et plus agréable de parler aux gens en les voyant, même si c'est par écran interposé".
Une cérémonie religieuse filmée au smartphoneQuant à la cérémonie de bénédiction à l'église, le prêtre propose systématiquement à la famille de la filmer au smartphone : "Toutes les personnes qui ne peuvent pas assister aux obsèques peuvent ainsi les suivre en temps réel".
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Dirigeante d'une entreprise de pompes funèbres à Yzeure, Sophie Krost raconte que, elle aussi, doit composer avec le coronavirus. En termes de sécurité : "Je demande aux familles de ne pas se déplacer à mon bureau à plus de deux ou trois personnes. Je regrette que nous ne fassions pas partie des professions prioritaires pour obtenir un masque, car nous recevons du monde. Il y a toujours un peu d'appréhension ". Ce qui ne l'empêche pas de tout mettre en oeuvre pour, dans la mesure du possible, soutenir moralement l'entourage :
Habituellement, il m'arrive d'avoir de petits gestes de réconfort à l'égard des proches. Mais là, évidemment, ce n'est plus permis. Il faut maintenir une distance physique. Pour établir une proximité, tout passe par la parole, le ton de la voix, le regard. J'y suis déjà très attentive en temps normal. Mais, en ce moment, j'insiste encore davantage sur ces aspects-là
Sophie Krost constate que les familles ont souvent l'impression que c'est un moment de recueillement privilégié que le coronavirus leur a volé : " Les obsèques en petit comité peuvent laisser un sentiment d'inachevé, une frustration. Alors je tente de les rassurer et je les aide à se projeter en leur expliquant qu'elles auront la possibilité d'organiser un nouvel hommage à la mémoire du défunt". Mais seulement après la période de confinement. Puisque tout a une fin.
Antoine Delacou