Cantal : les entreprises de travaux publics du secteur de Saint-Flour à l’arrêt forcé
« Les mesures ? Mais il n’y en a pas de mesures pour nous ! Ce n’est pas clair du tout. Le BTP navigue à vue ! ». Pour Marie-Christine et David Charbonnel, les patrons de l’entreprise de travaux publics installée à Volzac, les options proposées par Emmanuel Macron, puis Édouard Philippe, pour poursuivre leur activité n’ont pas été énoncées clairement, ni précisément. « Ils [les salariés, ndlr] n’ont pas le droit de travailler ensemble, mais la législation explique qu’on ne peut pas faire travailler les gars tout seul. Donc on est coincés des deux côtés », déclare David Charbonnel.
L'entreprise Charbonnel à l'arrêtAinsi, après une première journée de travail « normale » lundi, « on a arrêté tout le monde lundi soir, explique sa femme, pour la sécurité de nos salariés. Mais en plus, nos distributeurs de matériaux étaient fermés, donc c’était compliqué. Le mardi, à 11 heures, comme on nous a dit que le Bâtiment pouvait travailler, on a laissé le libre choix à nos employés et quatre [sur 22, ndlr] ont décidé de venir en travail individuel. Mais mardi soir, on a arrêté complètement ».Une situation difficile qui met en péril la société sanfloraine.
« Ils disent [le gouvernement, ndlr] que les charges seront reportées, mais il faudra bien les payer quand même ! Et pendant qu’on ne travaille pas, on s’endette, on s’enterre. Pour moi, la solution, ce serait d’annuler les taxes et les charges et de reprendre quand ça reprendra ».
L'activité de Castel Père et fils et Orceyre et associé stoppée« On ne sait pas trop, ce n’est pas clair, on est dans le flou », affirme aussi Pierre-Jean Castel de la société Castel Père et fils, et depuis peu Orceyre et associé. Mais le chef d’entreprise a décidé de mettre au chômage partiel ses 21 salariés, entre la maçonnerie et les TP, dès mardi midi.
« Parce que de toute façon nos fournisseurs étaient fermés, mais aussi pour la santé de tout le monde. Car il n’y a pas que notre santé en jeu, c’est celle de tout le pays. Et si tout le monde respecte les consignes, ça ira plus vite », explique-t-il, bien conscient toutefois que cette fermeture va inévitablement entraîner « une baisse du chiffre d’affaires et une perte de temps sur le planning ».
Par un communiqué du 19 mars, la FFB et la CAPEB Auvergne-Rhône-Alpes, demandent instamment l’arrêt officiel des chantiers pendant le confinement. « À l’exception des interventions urgentes, on demande instamment la fermeture des chantiers pendant la période de confinement et l’élargissement du bénéfice du chômage partiel pour les entreprises et artisans du Bâtiment conformément aux déclarations du Président et du gouvernement qui assuraient, il y a encore quelques jours, le soutien plein et entier de l’Etat. » Une décision pleinement partagée par la FRTP Auvergne-Rhône-Alpes qui a participé à la réflexion et à cette prise de position commune.
Guéniot Christian et fils au point mortL’entreprise Guéniot Christian et fils de Neuvéglise-sur-Truyère, qui travaille à 80 % pour des particuliers, a, elle aussi, fait le choix de stopper son activité, mardi midi et mis ses huit employés au chômage partiel. « Car s’ils disaient qu’on pouvait travailler, on ne sait pas sous quelle forme. C’est compliqué car tous les fournisseurs ferment les uns après les autres et puis comment faire pour se rendre sur les chantiers avec un seul véhicule et trois personnes dedans ? », s’interroge Stéphanie Guéniot, qui poursuit, elle, pour l’instant son activité administrative au sein de l’entreprise, « pour faire les papiers par rapport aux mesures gouvernementales.Mon mari s’occupe de l’entretien ».
Si les patrons neuvéglisiens sont inquiets quant à la reprise de l’activité, « on ne sait pas comment ça va se passer quand le boulot va reprendre », cette fermeture pourrait bien aussi remettre en cause les 15 jours de fermeture de congés d’été.
Isabelle Barnérias