A Brive et Tulle, on accuse le coup du confinement entre les étals de la halle et des marchés
Ce samedi matin, jour par excellence du marché de la Guierle avec toute sa cohorte de marchands, c'est à peine si le rendez-vous emblématique de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) ressemblait à un marché de semaine. Du côté du théâtre, le parking normalement rempli de stands est vide aux trois quarts. La halle couverte? Vide, par mesure de protection. Les vendeurs présents sont principalement installés sous l'espace couvert adjacent et un peu à côté. Avec de grands espaces sans aucun étal.
L'inquiétude dans les conversations et témoignagesIci et là, on porte des masques. Tant chez certains marchands que chez les acheteurs. Pour beaucoup de commerçants, on porte des gants. "Ce sont les mesures de précaution. Et c'est nous qui servons, le public ne touche pas les fruits et légumes", précise-t-on sur un stand de maraîchage.
Partout, sur les étals et les cageots alimentaires, des affichettes informent sur les bonnes mesures sanitaires à adopter. Et partout, l'inquiétude s'affiche dans les témoignages et conversations.Sur les stands, des messages d'information sanitaire pour informer le public du marché, peu nombreux par rapport à un samedi normal.
"Vous voyez, le samedi, c'est de loin notre plus gros chiffre de la semaine. Aujourd'hui, on atteint à peine celui d'un jour ordinaire hebdomadaire", constate Véronique, une ombre de lassitude dans la voix, employée d'une maison de Dordogne spécialisée dans le canard et les produits transformés. A ses côtés, Frédéric, responsable, craint le pire : "Et il faudrait pas qu'ils interdisent totalement les marchés..."
"Clairement notre saison, elle est finie..."Comme les autres vendeurs, ils ont été installés tôt ce matin non à un mètre, mais à trois mètres de distance. Ce qui n'a pas posé de problème de place, vu que "moins de la moitié des marchands sont là aujourd'hui", constate un vendeur de fruits et légumes : "Seul l'alimentaire est autorisé, et puis certains marchands, même d'alimentaire, ne se sont pas déplacés."Moins de la moitié des vendeurs habituels ont monté leurs étals ce samedi à la Guierle.
Outre les mesures de confinement qui font fléchir la fréquentation, les interdictions de vente sur le marché en dehors des denrées obscurcissent les perspectives économiques, témoignent des professionnels.
Ainsi Benoît et Mélanie, jeunes maraîchers installés sur le secteur d'Objat voient tout un pan de leur activité déjà fichu : "On vend normalement des plants, mais aujourd'hui, c'est interdit, sauf en livraison et on n'a pas les ressources pour proposer ce service. Notre grosse saison, sur ces ventes, c'est avril-mai. Clairement, notre saison, elle est finie. On ne sait même pas ce qu'on va pouvoir en faire... Heureusement qu'on a le maraîchage..."
Une Halle Gaillarde au ralentiOuverte habituellement le samedi jusqu’à 20 heures, la Halle Gaillarde a fermé ses portes ce samedi 21 mars à 14 heures. " C’est une décision commune des commerçants pour éviter que les gens sortent de chez eux l'après-midi ", explique Pierre Chevallier, le président de l’association des commerçants.Une Halle Gaillarde qui sonne creux mais où l'on respecte les gestes barrière.
Il est vrai aussi qu’en ce premier samedi de printemps, les allées sonnent creux. " Le taux de fréquentation est en baisse de 90 % . Par contre, nous n’avons jamais aussi bien travaillé en semaine. Peut-être que certaines personnes ont eu peur d’aller faire leurs courses dans les grandes surfaces. En tout cas, ils voient que nous existons et nous avons besoin d’eux ", souligne Pierre Chevallier.
Au fil des étals, que ce soit à l’intérieur ou sur le parvis où sont présents quelques commerçants non sédentaires, masques, gants et distanciation sont de rigueur. Des tréteaux sont installés pour bien marquer les files. " Les règles sont bien respectées. Les gens observent bien un mètre de distance et je n’en ai pas vu se serrer la main ou se faire la bise ", assure le président de l’association des commerçants.Sur le parvis de la Halle, les commerçants non sédentaires ont installé tréteaux ou barrières pour bien marquer les files.
Pour l’instant, la Halle Gaillarde reste ouverte tous les matins (sauf le lundi). Pierre Chevallier ne s’inquiète pas plus que cela d’une éventuelle fermeture totale jusqu’à nouvel ordre. " Si nous devons fermer, nous fermerons ".
A Tulle, un marché presque désertCe samedi matin, sous un soleil radieux, régnait une drôle d'ambiance au marché de la cathédrale de Tulle, rempli aux deux tiers par les étals des commerçants. Très tôt, la mairie avait distribué des masques aux commerçants, tous déjà équipés des gants. Mais, les clients n'ont pas vraiment fait le déplacement.
"Samedi dernier on a eu un monde fou, aujourd'hui c'est le calme plat", explique un pomiculteur.
Ambiance sur le marché de Tulle, samedi 21 mars.
Parmi les clients, la distance de sécurité a été globalement respectée. Ceux qui étaient là attendaient sagement d'être servis. Les discussions amicales (sans bises, ni poignées de mains) se faisaient elles-aussi à une distance de plus d'un mètre et portaient souvent sur la durée du confinement à venir.
Amibiance marché de Tulle, samedi 21 mars
Des flacons de gel hydro-alcoolique ont fait leur apparition sur les étals. Pour rassurer sa clientèle, un boucher a notamment affiché sur son camion qu'il utilisait ledit gel entre chaque passage du client en caisse.
Produits protégés par une bâche en plastiqueUn maraîcher bio a également protégé son étal par une bâche en plastique, comme un mur contre le coronavirus. Du coup, c'était un peu compliqué de voir ses produits, mais un bon nombre de ses clients avaient déjà passé commande avant.
Ce samedi matin à Tulle, les commerçants étaient doublement inquiets : devant la propagation du coronavirus et ses conséquences en Corrèze, mais aussi et surtout pour la survie de leur activité dans un contexte économique presque à l'arrêt.
Julien Bachellerie, Frédéric Rabiller et Dragan Perovic