En Corrèze, les appels au "17" explosent à la gendarmerie et les commissariats de police
Qu’il s’agisse des appels sur le « 17 » qui tombent au centre opérationnel de la gendarmerie ou sur le standard de police secours de la police nationale, l’instauration des mesures de limitation des déplacements et, plus globalement, le contexte d’épidémie de Covid-19 ont créé une très grosse affluence téléphonique en direction des forces de l’ordre.Pour le centre opérationnel de la gendarmerie, basé dans les locaux du groupement départemental de Tulle, cette explosion des appels s’est maintenue de manière conséquente.« Nous avons commencé à recevoir les premiers appels dès mardi matin, au lendemain de l’annonce par le chef de l’État des mesures. C’est monté assez vite pour atteindre depuis environ 400 appels par jour, alors que la fréquence moyenne se situe en temps normal à une centaine », relève le major Rougerie, responsable du centre opérationnel, où de deux à trois militaires se relaient nuit et jour pour répondre.
Message de fermeté sur les mesuresDans l’hypothèse du maintien de cette affluence ou d’une augmentation de celle-ci, le responsable a d’ores et déjà prévu une réorganisation du service. Les motifs d’appel ? Beaucoup, indique le major, sont en lien avec les mesures de confinement : « Ça va de la possibilité de promener le chien à comment aller nourrir ses lapins ou ses poules. Certains, on le voit vite, hasardent des questions pour contourner les mesures. Nous sommes là pour informer au besoin, mais aussi et surtout pour leur dire que la priorité, c’est le respect des mesures et le confinement. On essaie d’être efficace et ferme. »
Si, comme juge le commandant du groupement de gendarmerie, le colonel Armelle Valentin, « nous sommes dans une mission de service public », le commissaire Emilie Ngasho Mpanu estime pour sa part qu’informer a des limites. « On a des gens qui appellent pour savoir s’ils peuvent aller à la pêche ou faire voler leur drone, et là, je dis non. Il faut savoir que le temps qu’un fonctionnaire répond, c’est potentiellement une personne en situation de vraie urgence qui est mise en attente, et ce n’est pas acceptable. Le 17 reste un numéro d’urgence police secours », insiste la responsable de la police nationale en Corrèze, qui précise que le volume d’appels a quintuplé entre le « 17 » et les appels aux commissariats.
Appels incongrus et vraies questionsComme les gendarmes, la police nationale invite, pour s’informer sur les mesures en vigueur et la situation qu’implique l’épidémie à contacter les numéros gratuits pour s’informer (*) et surtout en appellent à la responsabilité. « S’il nous arrive de recevoir des appels un peu incongrus, comme cette personne qui nous contacte pour nous dire qu’il n’y a pas de danger en Corrèze car le virus ne sévit qu’à Paris, il y a aussi de vraies questions : des entreprises, inquiètes pour leur approvisionnement, certains qui doivent s’occuper d’une personne âgée… On a la vraie vie des uns et des autres au bout du fil », conclut le major Rougerie.(*) Numéro national 0.800.130.000 ; numéro du Département 0.800.19.00.19.
Julien Bachellerie