Dans l'Allier, l'hôpital de Vichy en ordre de bataille pour endiguer la pandémie de coronavirus
« On attend. L'ennemi n'est pas encore là, mais on est prêt », assure Didier Storme, le président de la commission médicale d'établissement (CME) du centre hospitalier de Vichy. Alors qu'un cas de Covid-19 est actuellement pris en charge dans l'établissement et que deux autres patients testés positifs sont suivis en ambulatoire dans le bassin de Vichy, l'hôpital Jacques-Lacarin, engagé dans une « drôle de guerre », comme d'autres structures de santé, a revu son organisation pour être en capacité d'encaisser le choc si l'épidémie de coronavirus venait à s'intensifier dans les jours et les semaines à venir.
Vingt lits de réanimation dès ce week-endA Vichy, comme dans le reste de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le nombre de lit de réanimation a été renforcé pour prendre en charge les cas les plus difficiles et répondre aux autres besoins de la population. En routine, l'hôpital de Vichy compte huit places permettant de fournir une assistance respiratoire aux patients en détresse, mais il en aura vingt à sa disposition à compter de ce week-end. Vingt lits armés aussi bien en matériels qu'en personnel formé.
Des infirmières, qui ont déjà travaillé dans ce secteur, sont susceptibles d'y être réaffectées le temps de la crise. « Sur le plan matériel, on a pioché dans tout l'établissement afin de récupérer des pousse-seringues et des respirateurs », explique Jérôme Trapeaux, le directeur du centre hospitalier de Vichy. « La clinique La Pergola nous prête aussi trois respirateurs. »
Pour gagner du temps sur l'épidémie, l'hôpital a également déprogrammé des actes chirurgicaux « non urgents », afin de ne pas mobiliser des lits de réanimation et éviter les brassages de population dans les services.
Deux unités d'hospitalisation dédiées au Covid-19Deux unités d'hospitalisation sont dédiées à la prise en charge des patients atteints de covid-19, qui ne sont plus transférés à l'hôpital de Moulins-Yzeure « depuis le 12 mars ». Elles offrent à l'établissement un potentiel de 37 lits de prise en charge. La seconde unité, qui compte à elle seule 21 lits, n'est pas utilisée actuellement, mais elle peut être mise en service à tout moment.
Un poste médical avancé prêt à être activéA l'extérieur, des préfabriqués ont été posés sur le parvis du bâtiment principal, cette semaine, pour doter l'établissement d'un poste médical avancé. Celui-ci ne sera activé qu'en cas de forte affluence de patients. « Pour l'instant, on a mis en place aux urgences une entrée et un circuit dédiés au Covid-19, afin d'éviter les croisements de flux de patients », explique Didier Storme. « Ce sont des circuits qu'on a testé du temps de H1N1. Si ce système actuel à double circuits venait à être dépassé en raison d'une trop forte affluence, il serait dédié aux patients couchés. Et, les préfabriqués seraient utilisés pour accueillir les flux de patients debout. »
Pour l'heure, les personnels affectés aux urgences constatent une baisse d'affluence depuis mardi et la mise en place des mesures de confinement de la population. Selon la direction, une trentaine de passages ont été enregistrés jeudi alors que l'activité du service tourne, en moyenne, autour d'une centaine de passages par jour.
Une réserve sanitaire volontaireAfin de pallier un éventuel manque de moyens, l'hôpital a constitué une réserve sanitaire. Elle connaît une « forte mobilisation des professionnels de santé de l'établissement et de l'extérieur » qui se portent volontaires pendant la période de crise. « A ce stade, on a une soixantaine de médecins », précise Jérôme Trapeaux. « Ce sont des personnes qui se déclarent disponibles, en plus de ce qu'elles ont à faire au quotidien. »
Repliées à l'arrière, ces forces seraient activées en cas de pic d'affluence de patients. Les étudiants aides-soignants et infirmiers, dont les instituts de formation sont fermés, sont aussi mobilisables. En cas de besoin, ils pourront intervenir en appui de la réserve sanitaire. « On est dans une phase de préparation », souligne la direction. « On ne mobilise pas toutes les forces d'un coup, car il faudra relayer. On s'engage plus sur une course de fond que sur un 100 mètres, et nous ne savons pas où est la ligne d'arrivée. »
Très chers masques
Selon la CGT, les personnels de l'hôpital manquent de masques. « Nous avons appelé une quinzaine de services ce vendredi », explique Pascal Devos, secrétaire général de l'organisation syndicale dans l'établissement de santé. « Il faudrait six masques par jour et par soignant. En ce moment, ils ont deux masques. » De son côté, la direction affirme porter une attention particulière aux dotations de protections comme les masques et les gels hydroalcooliques. « Une dotation, livrée au CHU de Clermont-Ferrand, a été redispatchée ce vendredi dans les établissements de l'Allier. On a eu un réassort par ce biais-là. On tient sur nos réserves et on bénéficie de dons, mais les consommations augmentent fortement dans la période que nous traversons. »
Estelle Dissay