Chalets impériaux et villas Belle Époque... Ce boom immobilier suscité par le développement thermal à Vichy (Allier)
Le 24 juillet 2021, Vichy et dix autres villes thermales européennes décrochaient le Graal, avec leur inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco. La consécration pour une petite cité bourbonnaise devenue, sous le second Empire, la « reine des villes d’eaux ». Elle conserve de nombreux atouts architecturaux de cette époque.
Témoignage du passé impérial de la cité thermale, cinq chalets construits sous le Second Empire et inscrits à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques s’alignent entre le parc Napoléon III et le boulevard des États-Unis.
Miroir de la vie de l’empereur, l’originalité de leur architecture n’est pas sans rappeler des installations alpestres, avec toit à double pente, et des maisons coloniales. Après avoir occupé la villa du chef d’orchestre Isaac Strauss lors de ses deux premiers séjours à Vichy, Napoléon III ordonne la construction de son propre lieu de villégiature, et tient à le faire savoir.
Napoléon III, le promoteurEn véritable promoteur, le curiste impérial fait publier plans et devis dans la presse pour encourager la construction à Vichy. Au cours de l’hiver 1862-1863, le chalet Marie-Louise prend forme mais cette bâtisse ne satisfera pas le propriétaire exposé à la vue des passants depuis le grand balcon donnant sur la rue.
Deux autres chalets sont alors édifiés : le chalet de l’Empereur (1864) avec ses galeries orientées vers le parc et le chalet Eugénie. L’officier d’ordonnance de Napoléon III, le comte de Clermont-Tonnerre, passe lui aussi commande pour l’élévation d’un chalet et le ministre des Finances, Achille Fould, fait construire le sien à l’extrémité sud de la rue. La sixième habitation de la série longeant le boulevard des États-Unis ne sera construite que bien plus tard, en 1905, pour un médecin.
Des villas à foisonAutre période et autre étape : la Belle Époque. Alors que le thermalisme est en pleine expansion à Vichy, un nouveau développement immobilier modifie le paysage de la ville. Le long des rues, de nouvelles habitations sont érigées par centaines. Ces villas, qui captent l’attention des passants, témoignent de l’exaltation immobilière suscitée par le développement de la station thermale.Villas dans le centre-ville de Vichy, photo thierry Lindauer
Commandées par de simples particuliers ou des notables, la grande majorité est construite pour héberger des « buveurs d’eaux » ou des employés saisonniers.
En quelques années, leur nombre triple : « Pas moins de 686 d’entre elles étaient proposées à la location dans l’Annuaire de 1914, contre 218 seulement en 1877 », relate Fabienne Pouradier-Duteil, dans son ouvrage Villas de la Belle Époque.
À l’intérieur, une allure sobre et fonctionnelleCertaines arborent des décors foisonnants, voire exotiques, d’autres exposent une façade plus modeste à la vue des curistes. L’intérieur présente généralement une allure sobre et fonctionnelle. En pleine saison, des propriétaires vont jusqu’à occuper le sous-sol pour louer les pièces d’habitation.
Une véritable économie accompagne cette frénésie immobilière. Des hôtels font même construire leur pied-à-terre, à l’image des Ambassadeurs avec la villa Le Castel Flamand situé rue de Belgique, afin de loger les visiteurs qui souhaitent s’affranchir des contraintes horaires des grands établissements.
Estelle DissayPhotos Thierry Lindauer