"Faudra pas s’étonner si des têtes sont coupées" : les horaires de bus avaient changé, le parent d'élève avait menacé le personnel d'un collège d'Aurillac
« Il faudra pas s’étonner si des têtes sont coupées », avait lancé le père d’un élève au personnel du collège Jules-Ferry, en septembre. Il regrettait… un changement d’horaire de bus.
La lecture des termes utilisés par le sexagénaire, en septembre, fait frissonner la salle d’audience remplie de lycéens. « Vous savez ce qu’il s’est passé en Belgique ? Une enseignante s’est fait égorger. Moi, je comprends », avait lancé le sexagénaire à l’intendante du collège Jules-Ferry, à Aurillac, et à deux surveillantes, en septembre.
La scène se passe en plusieurs temps, à l’entrée de l’établissement, puis dans le bureau de l’intendante, lui laissant le temps de réfléchir. Il avait pourtant enchaîné, évoquant Samuel Paty :
C’est normal. Je comprends. Faudra pas s’étonner si des têtes sont coupées
Les plaignantes prennent la peine de noter que tout avait été dit sur un ton froid, vide d’émotion. Elles sont deux, venues avec le principal, au tribunal, pour entendre ses explications.
Car l’origine contraste avec la gravité des menaces. Le fils du sexagénaire, collégien, se retrouve gêné par un changement d’horaires de bus. Il ne peut plus manger à la cantine, il n’a plus le temps.
« Ça marche comme ça dans cette société »« Je vais lui dire de taper sur les autres avec ses copains pour passer devant, dans la file, ça marche comme ça dans cette société », avait également suggéré le père. Le personnel obligé de subir ses propos n’est en rien responsable des horaires… À la barre, ce petit homme n’en mène pas large, tient fermement une enveloppe kraft entre ses mains.
Je ne vais pas commencer une carrière de terroriste à 63 ans
Il a bien tenté un début d’explication, avec un vocabulaire approximatif : « Je me rends compte de la violence de mes propos. Ils sont venus de l’injustice quotidienne, de la gabegie administrative. Ils ne sont pas responsables, mais ils le sont un peu quand même… » Il enchaîne : « Cette injustice exacerbe notre patience (sic). Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »
Il est repris de volée par la présidente Amandine Mallet, qui lui rappelle à la fois le Code pénal et la vie en société : « De tels propos ne sont jamais justifiables. » Il baisse la tête, consent.
Le casier judiciaire du sexagénaire est vierge. Pour Adeline Gannac au parquet, c’est un accident de parcours :
Il a du mal à faire passer le message qu’il souhaite faire passer
Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis.
Pierre Chambaud