"Cette fois c'est trop". Franck, à plus de 50 ans, a participé à la première manifestation de sa vie à Clermont-Ferrand
C'est un signe, une des expressions de ras-le-bol. À presque 54 ans, Franck participait à sa première manifestation ce jeudi, à Clermont-Ferrand.
"Non, cette fois ça va, c'est trop. Jusqu'à soixante-quatre ans, je n'ai pas envie". Franck V. est agent de la fonction territoriale. À presque 54 ans, il participait à sa première manifestation ce jeudi, à Clermont-Ferrand. "J'ai déjà fait grève, oui, mais je ne suis jamais allé dans la rue". Cette fois, il cumule. Au départ de la place du 1er mai, il scrute. "Il y a des vieux... Enfin, des retraités (sourire). C'est bien qu'ils soient là-aussi, solidaires. On aurait pu penser qu'ils seraient moins nombreux (...). En revanche, je vois moins de jeunes".
Quelques secondes plus tard : "En même temps, si l'on m'avait dit à trente ans, 'tu vas travailler deux ans de plus', je ne suis pas certain que j'aurai bougé ou même juste pensé que ça avait du sens, de l'impact. Nous, ce qu'on entendait et disait il y a vingt ou trente ans, c'était 'de toute façon, on n'aura pas de retraite'. Maintenant que je m'en approche, je vois les choses autrement... c'est logique".Franck ne scandera pas, ne criera pas plus. Il le regrettera presque un peu d'ailleurs en arrivant à Jaude avec ses 20.000 partenaires du jour.
Des milliers de manifestants à Brive, Moulins et Montluçon, 20.000 à Clermont-Ferrand : suivez cette journée de mobilisation
"C'est un peu dommage qu'on ne soit pas tous réunis pour quelques slogans, tout ensemble, histoire de... " dit-il alors que les représentants syndicaux commencent à occuper le podium placé aux pieds de Vercingétorix.Une cigarette roulée, un SMS à son épouse qui bosse dans le privé, quelques considérations autour du fait qu'autour de 60 ans, entre maladie et chômage, c'est à la sécurité sociale qui coûtera le plus cher cette réforme... et Franck repartira. Plutôt satisfait de cette première.
" Ce serait mieux, tellement mieux de ne pas avoir à se mobiliser, mais voir le monde qu'il y a à Clermont et, je suppose, partout en France, ça veut dire quelque chose". Il y aura une deuxième fois ? "Oui, je pense. Je vais revenir. Et pas tout seul, je pense " !
À ce moment précis, un syndicaliste lui propose un tract et l'invite à "monter" à Paris pour la prochaine. Répondant sans lui répondre, Franck lâche tout doucement : "Je ne suis pas encore prêt pour ça, mais je suis solidaire, c'est clair. J'ai eu plusieurs vies professionnelles, je voudrais profiter de l'après-travail dans des conditions pas trop mauvaises. Je parle de santé, parce que pour ce qui est de l'argent, ça n'ira pas bien loin, même avec toutes les annuités..."
Julien Dodon