Plus de 5.000 personnes dans les rues de Montluçon, contre la réforme des retraites
Plus de 5.000 personnes se sont rassemblées, ce jeudi 19 janvier, dans les rues de Montluçon. Une manifestation impressionnante pour lutter contre la réforme des retraites qui porte l'âge de départ à 64 ans.
Ce jeudi 19 janvier, il fait froid, dans les rues de Montluçon, mais les esprits sont échauffés. A 14 heures 30, départ de la manifestation. Environ 5.000 personnes descendent l'avenue de la République. Les drapeaux des syndicats volent dans les airs, habillant le cortège d'un voile multicolore.
Quelques mètres derrière la banderole de tête, la CGT de l'hôpital de Montluçon avance d'un pas décidé. « Il est hors de question de travailler jusqu'à 64 ans », affirme Magali Souche, secrétaire générale du syndicat hospitalier. « Les soignants font un métier usant, avec des horaires décalés. Le manque de personnel aggrave la situation. C'est impossible de bosser plus longtemps ! »
Un peu à l'écart, au bout de l'avenue, Christelle, 45 ans, est accompagnée de sa fille de 9 ans, Eline. La fonctionnaire est venue pour défendre les droits des personnes en situation de handicap. « Eux aussi devront travailler jusqu'à 64 ans. Malgré leurs difficultés. C'est totalement déconnecté de la réalité de demander une chose pareille », s'offusque-t-elle.
La pénibilité non reconnue de nombreux métiersLe long du Cher, Séverine, 44 ans, et Marie-Charlotte, 32 ans, sont venues « pour le collectif ». « C'est une perte de nos acquis. On pense aussi à l'avenir de nos enfants », affirme Marie-Charlotte. Les deux enseignantes évoquent aussi la pénibilité, non reconnue, de leur métier. « Dans notre boulot, on déploie des trésors d'énergie ! Vous nous voyez avec nos déambulateurs, tenir une classe de 30 élèves ? », ironise Séverine.
Les deux femmes, « à mi-parcours » de leurs vies professionnelles, estiment que les efforts demandés sont trop conséquents. « Un an ou deux de plus, à la limite, on pourrait comprendre. Mais quand j'ai commencé ma carrière, je devais travailler 37 ans, aujourd'hui, on m'en demande 43... Ça fait beaucoup », précise Marie-Charlotte.
Au milieu de la foule, les drapeaux jaunes de la Confédération paysanne s'agitent. « Que dire, à part qu'on est fatigué », souffle Vincent, 54 ans. « Nos petites exploitations sont peu mécanisées et ont peu d'employés. On mise tout sur le physique et on finit cassés. » Marie-Claude, 61 ans, se demande si elle pourra partir à 62 ans, comme elle l'espérait. « On pensait faire partie des boulots pénibles, mais faut croire que non », constate-t-elle, un brin ironique. « On n'a déjà pas de vacances et de week-end. On aimerait au moins pouvoir profiter de nos retraites. »
Une jeunesse effrayéeLe cortège s'étend sur les deux quais, de l'entrée de la rue Paul-Constans à l'entrée du faubourg Saint-Pierre. Sur le pont du Châtelet, quelques fumigènes viennent souligner les reflets de la foule dans le Cher. La foule avance et scande : « La retraite à 60 ans, on s'est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! »
Jean-Luc, 71 ans, raconte être venu « pour ses enfants et petits-enfants ». À côté de lui, cinq élèves de seconde du lycée Madame de Staël portent fièrement leurs pancartes. « Mon père vit aux États-Unis. Il devra travailler jusqu'à en crever parce qu'ils n'ont pas de système de cotisations là-bas », explique Sarah. « On ne veut pas de ça ici ! » Avec Laury, Mageline, Juliette et Nina, elles sont venues « soutenir leurs parents » et « préserver leur avenir ». « C'est encore loin pour nous, mais ça approche plus vite qu'on ne le pense. »
« Cette réforme est rejetée massivement »Arrivés devant la sous-préfecture montluçonnaise, le cortège s'immobilise. L'intersyndicale souligne « une parole unitaire historique ». Après avoir rappelé l'état de précarité de nombreux Français et « l'alignement des droits vers le bas », les syndicats appellent à continuer la mobilisation jusqu'au retrait total de la réforme. « Nous étions près de 13.000 dans l'Allier aujourd'hui. Un nombre qui signe le rejet massif de cette décision ! »
La manifestation s'achève sous les applaudissements. La foule affirmant en criant « On ne lâche rien ! Tous ensemble, tous ensemble ! » De nouveaux rassemblements sont à prévoir dans les semaines à venir.
Delphine Simonneau