Aldebert : « Je ne sais toujours pas faire de chansons pour enfants »

Quinze ans après la sortie de son premier Enfantillages, et tandis que le quatrième opus est sorti en 2021, Aldebert est plus que jamais suivi par les enfants, mais aussi les parents et les grands-parents. Après avoir écumé les théâtres de l’Hexagone, c’est désormais à une tournée des Zénith qu’il s’attaque, toujours avec la même envie.

A la sortie d’Enfantillages 4, en sortie de période Covid, Aldebert a commencé par une tournée dans 150 théâtres de France. Mais la situation sanitaire s’étant améliorée, et le public toujours au rendez-vous, il se lance finalement à l’assaut des Zenith tout au long du printemps 2023.

Qu’est ce que ça change de se lancer sur des salles d’ampleur ?

Cela engage déjà un show qui doit être à la hauteur de l’espace, en terme de son, lumière, effets spéciaux et énergie. Une salle de 6.000 personnes, cela ne se gère pas du tout comme une salle de 6 ou 700. C’est une autre énergie car la salle va répondre comme une espèce de grande vague, et pas du tac au tac comme dans une petite salle où l’on peut voir et sentir les gens proches de soi.  

En 2023, vous fêtez les 15 ans de vos enfantillages. Vous attendiez-vous à une telle longévité et un tel succès ?

Non, pas du tout, d’autant plus que c’est né d’un accident dans le sens où, même aujourd’hui, je ne sais toujours pas faire de la chanson pour enfants. Je fais des chansons qui ont deux lectures, qui convoquent et fédèrent aussi les parents. Maxime Le Forestier m’avait dit, dès le début « toi, tu n’es pas un chanteur pour enfants, tu écris sur l’enfance et tu es presque un chanteur pour parents ».

On a eu beaucoup de chance car on fédère un public familial faits d’enfants, de parents, et de grands parents. Je suis dans cette aventure, cette parenthèse, qui est un peu étrange, mais qui a fini par trouver sa place avec les années. 

Votre succès ne tient-elle pas justement à cette manière de s’adresser à tous, petits et grands ?

Sans doute mais surtout, il n’y avait personne dans ce créneau là, même si je ne revendique pas faire quelque chose de nouveau. Avant, il y avait les concerts pour les parents, les concerts pour les enfants, et pas de passerelle entre les deux et c’est ce que j’ai essayé de proposer. 

Est-ce aussi un moyen de toucher les enfants sur des thématiques importantes comme l’écologie ou l’homoparentalité ?

Ce sont des sujets qui sont parfois délicats à traiter avec les enfants. Aujourd’hui, j’ai envie de leur raconter des choses un peu sérieuses sur le papier, de leur proposer une vision du monde, sans leur faire la morale. Quand je parle d’homoparentalité, il y a forcément un parti pris mais il n’y a jamais rien de politique.

L’idée est juste d’éveiller les curiosités et leur montrer que certains questionnements d’adultes ne sont parfois pas très éloignés de leurs préoccupations, eux qui sont déjà très impliqués dans l’écologie ou dans des causes humanistes.

Vous qui les cotoyez depuis 15 ans, est-ce à votre avis plus difficile d’être un enfant aujourd’hui qu’il y a quinze ans ?

C’est une question difficile… (il réfléchit) J’ai pas l’impression. Cela dépend où on naît et de plein de choses. Il y a toujours eu des galères, qu’elle soit politiques, matérielles… Après, c’est vrai que pour les lycéens ou étudiants qui ont traversé le Covid, c’était la galère. Moi, mes petits, ils sont très heureux, épanouis et je pense que s’ils avaient grandi dans les années 80, cela n’aurait pas changé chose. 

Y’a-t-il encore des thématiques que vous voudriez creuser et qui pourrait s’inscrire dans un Enfantillages 5 par exemple ?

Pour le moment, je ne me projette pas tellement plus loin que l’année qui vient. En revanche, il y a une envie d’un petit pas de côté de proposer un « Enfantillages Métal », dont les grosses guitares, la batterie et les chansons très énergiques seraient l’ADN, avec des collaborations, bien évidemment. 

Ces collaborations, justement, sont l’une des marques de fabrique de vos Enfantillages. Quel était l’objectif de départ : se faire plaisir, accueillir des artistes avec qui vous rêviez de travailler ?

C’est tout cela ! Là aussi, à la genèse du projet, c’est un peu un accident. Lors des maquettes d’Enfantillages 1, en 2007, j’étais beaucoup invité par Renaud, à des concerts de soutien à Ingrid Bettancourt [détenue par les FARC en Colombie, ndlr]. Il invitait plein de gens, des pas connus comme moi, mais aussi des très connus. Et là, je rencontre plein de chanteurs comme Maxime Le Forestier, Anne Sylvestre, Renan Luce et je m’étais dit que ce serait cool que pour ce premier album jeune public, il y ait un ou deux duos.

J’ai donc proposé des chansons à plein de gens, sauf qu’il se trouve que 95 % d’entre eux m’ont répondu OK. C’est comme cela qu’Enfantillages est devenu un album multi interprètes et que c’est devenu désormais une marque de fabrique. 

Vous parliez de parenthèse tout à l’heure. Le « monde des grands » est-il définitivement derrière vous désormais ?

Ben non, pas du tout, il est avec moi, ce monde là. Il y a plein de chansons comme l’Arnaque, ou Double papa… qui ne sont pas forcément des chansons pour enfants. Donc quand on me dit, est ce que tu vas revenir à de la chanson pour adultes… « Bah, je suis pas parti en fait ». J’écris sur l’enfance mais j’ai envie d’être dans cette chanson un peu intemporelle, intergénérationnelle, de décloisonner et de proposer quelque chose de transversal.

Aldebert est en tournée dans les Zenith, à Clermont-Ferrand ce dimanche 29 janvier, à Limoges le 7 avril et à Lyon le 8 avril...

Propos recueillis par Maxime Escotmaxime.escot@centrefrance.com