Comment casser le cercle du cyberharcèlement ? Les réponses au cœur d'une pièce jouée au lycée d'Arsonval à Brive
La compagnie théâtrale le Trimaran a présenté, jeudi 27 janvier, devant les collégiens et les lycéens de D'Arsonval, son spectacle interactif Même pas peur 2.0, consacré aux dangers des réseaux sociaux et au cyberharcèlement.
"On leur donne de petits conseils pour mieux gérer leur présence sur les réseaux, notamment, en enlevant les notifications, pour qu’ils deviennent maîtres du moment où ils les consultent."
Sensibiliser les jeunes par le spectacle éducatif et interactif, c’est, depuis 1993, la grande spécialité de la compagnie théâtrale Le Trimaran. Jeudi 27 janvier, au collège-lycée d’Arsonval, ses comédiens ont présenté, devant les élèves de troisième et de seconde, Même pas peur 2.0, qui parle des dangers des réseaux sociaux et du cyberharcèlement.
Ils sont tous nés dans un environnement numériqueD'abord le constat. Christophe, l'un des comédiens de la troupe, s'adresse aux jeunes : "Permettez-moi de vous dire, vous êtes tous nés dans un environnement entièrement numérisé. Entre tablettes, réseaux sociaux, ordinateurs et téléphones portables... c'est insupportable."
Parmi les collégiens et les lycéens présents, certains lèvent la main pour confirmer qu'ils passent quatre heures par jour sur les réseaux sociaux. D'autres estiment la durée de leurs connexions à plus de 3 heures. On devient facilement accro à ces applications qui sont "une rencontre entre la communication et le divertissement".
Flore qui fait également partie du Trimaran résume : " On explique aux jeunes les conséquences que les écrans peuvent avoir sur leur corps. Les algorithmes sont conçus pour créer de la dopamine et de l'addiction, parce que les réseaux sociaux sont faits pour générer de l’argent. On leur parle aussi de la mélatonine et du fait que l’usage des écrans, tard le soir, peut les empêcher de dormir. On évoque aussi des impacts que leurs pratiques numériques ont sur l’écologie."
Parmi les collégiens et les lycéens présents, certains lèvent la main pour confirmer qu'ils passent quatre heures par jour, sur les réseaux sociaux.
Un jeu de rôles pas toujours drôleDans la première partie de leur spectacle, tout en discutant avec les élèves, les comédiens, Alice, Flore, Christophe et Clément, abordent l’influence que les réseaux sociaux comme Snapchat, Instagram, TikTok ou Twitter, peuvent avoir dans la vie de jeunes gens. Ensuite, les élèves volontaires jouent dans les saynètes, qui incitent au débat et aux témoignages.
Le courant passe très bien et les adolescents, mis en confiance, se laissent entraîner dans cette aventure de jeu de rôles pas toujours drôle.
Cyberharcèlement, prendre position"L'homme est un loup pour l'homme". Cité par la troupe, cette phrase du philosophe Thomas Hobbes, prend une résonance particulière dans le cyberharcèlement." Souvent, les jeunes nous demandent comment casser le cercle du harcèlement, souligne Flore. Comme il s’agit presque toujours d’une relation triangulaire, avec les harceleurs, les harcelés et les témoins, on leur fait comprendre à quel point c’est important de prendre position, en tant que témoin, au lieu de ne rien dire et perpétuer cette situation. On leur dit qu’il suffit qu’une personne ait le courage pour que les autres suivent. Il est important qu’ils se positionnent dans la vie, qu’ils disent qu’ils sont d’accord ou pas d’accord."
Les comédiens du Trimaran insistent : "Plus que de questions, on a de très nombreux témoignages des lycéens, qui ont été victimes du harcèlement et du cyberharcèlement."Même pas peur 2.0, de la compagnie le Trimaran, c'est du spectacle vivant au service du vivre ensemble
Se faire aiderLes comédiens suggèrent aussi aux jeunes qu'au sein de leur établissement, les personnes, comme infirmières ou les membres de l'équipe pédagogique, peuvent les aider et les accompagner en cas de harcèlement.
La pièce aborde également la manière de gérer les nouvelles pratiques de séduction, qui passent parfois par l’envoi des sextos avec des photos dénudés, afin de ne pas se retrouver plus tard dans les situations délicates, lorsque, après la séparation, leur ancien partenaire les partage sur les réseaux sociaux. "Souvent, ils ont des groupes et font tourner des photos entre eux. On leur explique que la première chose à faire, c’est déjà d’avertir la personne", résume Flore.
Des agressions gratuites et beuveries filmées pour être partagées sur les réseauxPar ailleurs, le spectacle Même pas peur 2.0 sensibilise son public au sujet de ces agressions, souvent gratuites, entre jeunes, où les violences sont filmées. On n'oublie pas d'évoquer ceux qui font boire leurs copains, pour les filmer en état d'ébriété. Dans les deux cas, les vidéos sont ensuite partagées sur les réseaux.
S'y ajoute la banalisation d'insultes, parce que certains croient que les réseaux sociaux riment avec l'impunité. "Cyberviolence, c'est une énorme violence, insistent les comédiens". Et les réseaux sociaux, au lieu de faciliter la communication, mènent certains jeunes à l'isolement et aux problèmes de sociabilité.
Même pas peur 2.0, c'est du spectacle vivant au service du vivre ensemble. Parce que, comme le clament les comédiens, "c’est dans la différence qu’on construit une société humaine ! "
Dragan Perovic