Le ténor Roberto Alagna bientôt en concert exceptionnel au sein des cathédrales de Bourges et de Chartres
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Roberto Alagna chante dans toutes les plus belles salles du monde depuis quarante ans. Il va chanter dans les cathédrales de Bourges et de Chartres, les 7 et 8 mai prochain, lors d’une mini tournée liée à son nouveau disque : Seigneur. L’occasion pour le ténor de venir devant un public qui ne peut pas l’approcher habituellement.
Quarante ans de carrière, six millions d’albums vendus sous son nom, plusieurs tours de la planète pour chanter de par le monde, voilà résumé la carrière de Roberto Alagna, si on aime les chiffres pour faire des lettres. Le ténor français entame une tournée d’églises et de cathédrales, qui passe à Bourges, le 7 mai et Chartres, le 8 mai. L’occasion de chanter, à la fois des titres de son dernier disque Seigneur (à paraître le 5 avril), et ses airs d’opéra fétiches.
Inspiration sacréeEn studio, Roberto Alagna a bouclé l’enregistrement de Seigneur pendant quatre jours avec, à ses côtés, les musiciens qui l’accompagneront sur scène lors de la tournée : Jean-Félix Lalanne à la guitare, et Marek Ruszczynski au piano. "On vient à la rencontre d’un public qui n’a pas l’occasion de nous voir dans le cadre intime d’une cathédrale. Le tout avec une inspiration sacrée. Il y a aura aussi Avec le temps de Léo Ferré qu’il a composé en mettant la sonate au Clair de lune de Beethoven à l’envers", annonce-t-il lors d’une pause, dans le studio d’enregistrement.
L’autodidacte soigne sa voixRoberto Alagna soigne son instrument de travail, sa voix :
Je n’abuse de rien. Je suis très respectueux d’elle, jamais dur. Je fais attention de ne pas hurler ou de rire aux éclats. J’essaie aussi de me taire, alors que je suis bavard.
Cette voix, il l’a travaillée dès l’enfance, dans une famille sicilienne venue chercher du travail en France. "Mon père a été maçon et continue de chanter à 84 ans. C’est dans sa nature. Ma fille pareille, c’est comme ça. Des fois je chante sans m’en rendre compte." Il chante même quand ça ne va pas fort.
"Le ténor Caruso disait qu’il était en forme deux fois dans l’année. Deux fois où il ne chantait pas. Moi c’est pareil. J’ai 60 ans et je commence à fatiguer des bagages et décalages horaires."
"Si je mets tout bout à bout, je suis à la maison un mois et demi par an. Ma fille me réclame." Néanmoins, tous les matins, Roberto Alagna a presque envie "de croire au miracle. De voir la vie, ce qui nous entoure. Je suis croyant, j’ai reçu beaucoup, alors je dois donner."
Origines modestesSes origines modestes, l’absence de bac ou d’études au conservatoire, tout fait de lui une personne controversée dans le milieu de l’art lyrique. "Ce sont surtout les avis de gens qui ne me connaissent pas. Il ne faut pas opposer chanteur lyrique ou vedette de variété. D’abord, c’est dur d’avoir le ton juste dans la variété. Je ne dénigre personne, depuis toutes ces années où je fais de l’opéra. "
On met son titre en jeu tous les soirs. Je ne fais pourtant pas de compétition, même si on me situe dans le carré formé avec Pavarotti, Carreras et Domingo.
AutodidacteÉlectron libre ? "On aime bien mettre les gens dans des cases. Je suis un autodidacte qui a fait des années de cabarets. Oui, je suis un Ovni qui ne s’est jamais vraiment pris au sérieux. J’aime toutes les musiques : siciliennes, de Luis Mariano… Je respecte chaque style, sans dénaturer. Après, on me propose de chanter pour la flamme olympique, je trouve cela intéressant qu’on calcule l’opéra autrement que dans les salles."
Le cabaretL’école du chant a débuté dans le cercle familial. À tue-tête après avoir dégusté la pasta. Roberto Alagna comprend alors qu’il a du coffre et une certaine facilité. Adolescent, il se produit dans une pizzeria durant le week-end, avec un répertoire composé de sérénades et chansons entre Brel et Trénet. "Ce sera ensuite le cabaret. Une vraie école, avec des passages rodés et des personnes qui mangent pendant qu’on chante", indique-t-il. Cela a duré sept ans, dans une atmosphère enfumée et alcoolisée. Une école pour savoir capter l’attention d’un public.
La lettre à Luciano PavarottiLa rampe de lancement arrive en 1988. On le somme d’aller à une séance de dédicaces de Luciano Pavarotti à la Fnac. Son ami fait de la retape auprès du chanteur, qui lui laisse son adresse. Roberto Alagna écrit et reçoit une réponse un an plus tard, avec une convocation à Pesaro, la ville natale de Pavarotti, qui y possède une maison.
"Je comprends que c’est une audition pour un concours que je gagne. Je gagne aussi les éliminatoires en Europe et la finale à Philadelphie. J’avais la carte de visite, par contre je n’ai pas pu chanter avec lui."
Roberto Alagna aime le film le Guépard, les westerns, Le Parrain, "exceptionnel et en plus, je pense à ma famille". Il regrette par contre de ne plus lire aussi souvent, des auteurs classiques et modernes. "Le smartphone prend le dessus."L’épisode des sifflets essuyés à la Scala, en 2006, où il sort de scène et ne reviendra dans la salle milanaise qu’au bout de quinze ans, est derrière lui. "Je n’y pense plus. J’avais été blessé, j’avais des problèmes de santé à l’époque."
Centenaire de PucciniActuellement, il chante du Puccini, dont on célèbre le centenaire de la mort. "J’ai chanté à Gstaad (Suisse), tous les airs en une soirée, du premier opéra au dernier. Deux heures de programme, ce qui demande un certain dépassement de soi. Pour les concerts à la cathédrale, un problème technique, l’absence de toilettes dans l’édifice, fait que nous allons jouer entre une heure et une heure dix, sans entracte."
François Lesbre
Roberto Alagna sera en concert le 7 mai 2024, en la cathédrale de Bourges ; le 8 mai 2024, dans celle de Chartres.