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L’adaptation climatique, ce défi colossal pour les villes : "La situation devient vraiment problématique"

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Comment mener à bien l’adaptation nécessaire au changement climatique alors que les collectivités locales font face à un manque criant de moyens et qu’elles doivent se plier à des normes aux objectifs déconnectés de la réalité ? "Il existe un fossé béant entre le discours des ONG, des think tanks ou des climatologues, qui nous alertent sur les conséquences du réchauffement planétaire, et la réalité des investissements réalisés sur le terrain, avertit Jean-François Vigier, vice-président de l’Association des maires de France, et maire (UDI) de Bures-sur-Yvette, en Essonne. Faute de pouvoir passer la surmultipliée, les maires tentent de colmater les brèches ici ou là. Pendant ce temps, la colère des citoyens, confrontés aux inondations, canicules ou glissements de terrain, ne cesse de monter.

L’Express : Pourquoi poussez-vous un cri d’alarme sur la question de l’adaptation au changement climatique ?

Jean-François Vigier : Parce que la situation est particulièrement préoccupante. Depuis longtemps, différents lanceurs d’alerte - l’Institut d’économie pour le climat, le Shift project… - nous préviennent sur le fait qu’il faut nous presser en matière d’adaptation, car plus on attend, plus cela coûtera cher. Or, sur le terrain, les collectivités locales ne peuvent pas investir à la hauteur de l’enjeu. Tout d’abord, la loi leur impose de présenter des comptes à l’équilibre et leurs ressources financières restent limitées en raison, par exemple, de la suppression de la taxe d’habitation qui, quoi qu’on en dise, n’a pas été compensée au centime près. Cet effet de ciseau limite fortement les stratégies d’adaptation possibles. Dès que vous dépassez un certain seuil de dépenses, les services du préfet viennent vous dire stop, même s’il s’agit de climatiser ou de rénover des bâtiments.

Par ailleurs, les collectivités locales sont confrontées à des normes déconnectées de la réalité. Le prochain Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), par exemple, prévoit plus d’une cinquantaine d’actions à mener dans les territoires. Ce document n’a pas été rédigé en concertation avec les associations d’élus, ni avec l’AMF. Il nous tombe dessus sans aucune étude d’impact, alors qu’il implique des dépenses énormes à assurer en termes d’ingénierie.

Cette verticalité se voit également dans la transposition des directives européennes. L’une d’entre elles va nous obliger à baisser nos consommations d’énergie de pratiquement 2 % par an, en prenant comme référence l’année 2021. Elle nous impose aussi de rénover chaque année 3 % de notre parc public de bâtiments dont la surface est supérieure ou égale à 250 mètres carrés. Ces mesures font fi de nos capacités financières. On nous dit, en gros : "Débrouillez-vous pour atteindre cet objectif".

Quelle est la situation financière des collectivités ?

Notre combat perpétuel consiste à contenir les dépenses de fonctionnement pour pouvoir investir, en empruntant, mais pas trop. Malheureusement, nous avons devant nous un véritable mur d’investissements. En 2020, les experts de l’Institut d’économie pour le climat ont chiffré les besoins à 12 milliards d’euros par an sur dix ans pour les collectivités locales. Mais depuis, ils ont refait leurs calculs et la facture a encore grimpé, atteignant 120 milliards sur six ans au lieu de dix. Pour rappel, l’investissement des collectivités plafonne à 8 milliards d’euros par an environ. C’est donc loin de suffire.

Je ne suis pas en train de dire qu’il faut remettre en place la taxe d’habitation ou créer un autre impôt à côté de la taxe foncière. Simplement, lorsqu’on décrète comme en France que l’adaptation est une grande cause nationale, il faut être cohérent et donner aux acteurs de terrain la possibilité d’agir. Depuis deux ans, nous voyons bien les moyens de financement se réduire comme neige au soleil. Cette année, le Fonds vert a perdu 850 millions d’euros. Ce n’est pas avec cet outil que l’on va avancer suffisamment. Il n’est pas à l’échelle du problème, ce qui provoque l’indignation des élus.

Les citoyens déjà confrontés aux conséquences du réchauffement climatique vous demandent-ils des comptes ?

Bien sûr. Dans ma commune de Bures-sur-Yvette, ils ont déjà subi des inondations en 2016 et en 2024. Certains habitants, touchés lors de la première catastrophe, avaient refait leur rez-de-chaussée intégralement. Et là, ils doivent recommencer. Donc, forcément, ils viennent nous dire : "Qu’avez-vous fait entre-temps ?"

Sauf que pour éviter les inondations futures, les travaux à réaliser sont tout bonnement colossaux. Il faut creuser plusieurs bassins de retenue, et donc récupérer du foncier pour cela. Comment les financer ? Il existe bien un outil dédié, la taxe Gemapi, mais son montant est fixe, et insuffisant.

Autre exemple, l’été dernier, en pleine canicule, la température a atteint 30 degrés dans les écoles. Les parents nous demandent, à juste titre, pourquoi nous n’installons pas de climatiseurs dans les classes. Je leur réponds que cela coûterait des dizaines de milliers d’euros, sans résoudre le problème des passoires thermiques. Le confort durant l’été viendra avec la rénovation énergétique, la décarbonation, les économies d’énergie… Mais ce discours n’est pas toujours audible. Il faudrait aller vite. Or, ce n’est pas possible dans la situation actuelle.

Ce constat est-il partagé par l’ensemble des maires ?

Oui. Nous avons les mêmes contraintes financières et réglementaires. Et nous faisons face à la même menace climatique. Aucun territoire n’est épargné. Le long des côtes françaises, la mer avance. Dans certains endroits, la situation devient vraiment préoccupante. En montagne, le réchauffement à haute altitude fait fondre les glaciers, entraînant des éboulements de plus en plus fréquents. Dans les zones semi-montagneuses, les affaissements de terrain se multiplient et les inondations touchent à peu près tous les territoires dès lors qu’il y a des habitations ou des villes autour d’un cours d’eau.

Il va falloir traiter tous ces problèmes en même temps. Dans un rapport récent, la Cour des comptes prévient : plus on attend, plus la facture sera importante. On voit déjà qu’assurer certains bâtiments contre les risques coûte plus cher. Nous alertons le gouvernement mais pour l’instant, nous ne sommes pas écoutés. La preuve en est cette avalanche de normes et de règlements qui complexifient notre action au lieu de la fluidifier, et nos financements qui de toute façon restent limités. Quand nous retrouverons un exécutif et un Parlement stable, il va vraiment falloir passer à la vitesse supérieure. Par respect pour ceux qui vont arriver après nous et qui vivront l’essentiel des effets du changement climatique.















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