Добавить новость
smi24.net
World News in French
Ноябрь
2025
1 2 3 4 5 6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30

Cécile Duflot : "Quand on sent qu’elle est factice, l’union c’est pire que tout"

0

Une pierre, deux coups. Cécile Duflot a écrit un livre, Gagnons ! (Les Petits Matins, 2025) et une carte postale. L’ancienne ministre de l’Égalité des territoires et du Logement (2012-2014) y enjoint son camp à dresser une méthode nouvelle, renouant avec les syndicats, les associations ou encore les chefs d’entreprise. Surtout, elle prie la gauche de se trouver un nouveau récit. Au cas où, elle en propose un : la "sociale-écologie", car elle ne se "résigne pas à regarder les différents trains, à gauche, foncer vers la victoire" de l’extrême droite. "Chacun tient un fil de l’Histoire entre ses mains et le mien, je veux le tenir serré", affirme-t-elle à L’Express. Entretien.

L’Express : La séquence budgétaire est un énième révélateur des tensions à bâbord. La gauche est-elle en train de gâcher le moment "le plus parlementaire de la Ve République" ?

Cécile Duflot : L’année dernière, les débats sur le budget tournaient autour de l’Aide médicale d’Etat. Et cette année, on parle de la taxe Zucman, des super-héritages, et du pacte Dutreil. Ces questions étaient hier presque tabou. Au-delà des considérations tactiques, l’agenda de la conversation budgétaire est fondamentalement en phase avec notre vision de la justice fiscale. Les députés feraient mieux de se saisir de ce moment que de s’envoyer des attaques personnelles. Quand on passe son temps à chercher le traître, on oublie souvent le but. C’est une maladie chronique de la gauche. L’heure est à trouver des compromis possibles.

Dans votre livre, vous passez le bonjour à Marine Tondelier en vous disant "frappée par la cécité dont témoignent les odes à l’unité"…

L’ode à l’union est une figure de style récurrente à gauche. Mais il y a des moments où mettre tout le monde dans la même boîte, ça ne marche pas. Et il n’y a rien de dramatique ! Au contraire : l’union, quand on sent que c’est factice, c’est pire que tout. En l’occurrence, les insoumis ont fait le choix stratégique de s’isoler : ça n’empêche pas aux autres de s’organiser autrement pour autant. J’ai du respect pour Marine Tondelier, son engagement et ses convictions mais le piège de la présidentielle est un peu stérilisant, il l’empêche d’être dans la démarche d’une construction alternative. C’est aussi le cas des autres partis de gauche. Moi j’assume d’autant plus ma liberté de ton que je suis en dehors de cette histoire.

Vous ne croyez donc pas non plus en une primaire à gauche ?

C’est une machine à créer des tensions et des divisions. Pour exister politiquement il faut être candidat, donc les candidatures se multiplient. Pour se singulariser dans la compétition, il faut tendre les relations avec les autres concurrents, avec le risque d’hypothéquer le rassemblement à postériori. En prime, les primaires en France produisent un résultat tout sauf dynamisant. Bref, dans ce cas de figure, tout le monde est piégé. Je glisse un grain de sable dans la machine. Il faut éviter que la situation actuelle n’obère toute perspective de victoire.

C’est l’union ou la gagne ?

Se rassembler dans le but d’obtenir de bons résultats électoraux n’a rien de choquant. D’autant que le rassemblement peut se vivre de différentes façons : en 2010, parce que c’était coordonné, la gauche a gagné toutes les régions avec trois listes différentes partout au premier tour. Mais aujourd’hui, l’union manque d’une réponse de fond. Quel est le projet ? Moi je pense que la sociale-écologie est un terrain de mobilisation prometteur, qu’un horizon qui lie les questions de justice sociale et d’écologie, basé sur la santé, la sécurité, et la solidarité, peut produire des convergences. L’enjeu, c’est de faire fusionner le mouvement ouvrier, les idées de l’écologie politique, et le savoir-faire de gestion de la sociale-démocratie.

Plus globalement, l’électorat de gauche s’est considérablement rétréci depuis votre départ de la scène politique. Pourquoi ?

Les électeurs cherchent un projet et une possibilité de victoire, on l’a vu avec la première élection d’Emmanuel Macron. À gauche, on a besoin d’une nouvelle histoire politique. Les partis s’essoufflent, l’écologie politique telle que construite depuis 40 ans ronronne, le PS s’enferme dans l’idée que les temps anciens vont revenir… Et puis beaucoup de gens se sentent aujourd’hui trahis par le président de la République, pour qui ils avaient voté. Il faut aller les chercher. Dans ce livre, j’ai essayé de tirer les leçons de ces 15 dernières années : il n’y a pas "d’électeur de". Par exemple, une partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon de 2012 avait voté Bayrou en 2007. L’électeur est mobile, il doit être incité à se mobiliser pour autre chose.

Il faut donc un programme attractif pour le centre gauche, sûrement adouci…

On peut avoir un programme de rupture sur certains sujets en passant par le dialogue, sans être éruptif. L’enjeu ici est de répondre aux deux enjeux de la justice sociale et la transition écologique. Cela permet d’élargir, lorsque l’on voit que la taxe Zucman, ou la taxation des super héritages sont soutenues par l’écrasante majorité des Français, y compris de droite. Pour la méthode, il faut avancer avec les syndicats, les chefs d’entreprise, les associations, tout le monde.

Vous aviez eu des mots durs après l’échec du Nouveau Front populaire à propulser sa candidate à Matignon. La gauche est-elle trop immature pour prétendre gouverner ? La plupart des leaders de gauche n’a encore jamais exercé de responsabilité nationale. C’est un problème ?

Ça n’est pas forcément une question d’immaturité. Mais j’ai été frappée de recevoir en juillet un message m’invitant à "fêter la victoire de 2024". De quelle victoire s’agit-il, alors qu’à l’époque Retailleau est à Beauvau ? La gauche aurait dû gouverner seule avec 29 % ? Ça faisait deux ans qu’elle disait que Macron était illégitime à placer un macroniste à Matignon en situation de majorité relative ! Le NFP était un accord électoral qui a bien marché. Il fallait sceller d’autres accords en aval au Parlement, plutôt que de rester arc-bouté sur le programme. Par définition, on n’est pas ministre avant de l’avoir été. Mais je sais combien la confrontation à la gestion montre les limites entre le possible et l’impossible dans un cadre européen. C’est instructif.

Ce livre dit que vous serez du combat en 2027. Sous la forme d’une candidature ?

Je me suis beaucoup posé la question de savoir si je pouvais continuer à rester éloignée de la politique. J’aurais eu des remords. Je vois la tentation très forte de la société civile à rester à distance de la politique. Je veux mettre en garde face à cela, en plus de mettre mon expérience et ma franchise à profit - au risque de déplaire - à travers ce livre qui ouvre un espace de discussion. Personnellement, je ne me résigne pas à regarder les différents trains, à gauche, foncer vers la victoire de Le Pen ou de Bardella. Chacun tient un fil de l’Histoire entre ses mains et le mien, je veux le tenir serré.















Музыкальные новости






















СМИ24.net — правдивые новости, непрерывно 24/7 на русском языке с ежеминутным обновлением *