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Service militaire obligatoire : en 1996, Jacques Chirac misait sur la fin de la menace venue de l'Est

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Dans L’Express du 1er février 1996

Les soldats de l’an 2000

Finie la conscription "fille de la Révolution et de l’esprit républicain", qui, bon an, mal an, depuis plus de deux siècles, concerne plus de 300 000 jeunes gens d’une classe d’âge ? Aux oubliettes le bon vieux service qui, déjà, en 1971, avait troqué son label de militaire contre celui de national ? Terminés pour les appelés le treillis et les classes ?

"Le service n’est plus tout à fait adapté, une réforme de cette vénérable institution s’impose", a tranché Jacques Chirac, le 25 janvier, en préconisant une extension des formes civiles dudit service, qui seraient ouvertes aux garçons et aux filles. "Des formes civiques", préfère Charles Millon, ministre de la Défense, qui, sur instructions pressantes du chef de l’Etat, accélère la cadence des travaux du comité stratégique mis en place en juillet 1995. A la mi-mars, un débat d’orientation se déroulera au Parlement, avant que soit déposée, en mai, une loi de programmation militaire tenant compte de cette volonté présidentielle.

"Le projet n’aura pas tous ses boutons de guêtre. Le service civique prendra du temps pour être organisé. D’autant que, sur un tel sujet, nous devons obtenir un consensus", précise un membre du cabinet chargé du dossier, Rue Saint-Dominique. Autrement dit : que les quelque 262 000 appelés du contingent actuellement sous les drapeaux ne se réjouissent pas trop vite : la quille n’est pas pour demain. La réforme du service pourrait prendre plusieurs années - certains disent un septennat - à être réalisée.

L’effondrement du Pacte de Varsovie

La remise en question de la conscription tant par la droite que par la gauche n’est pas nouvelle. Sans doute Chirac, en s’affichant, il y a déjà trois ans, comme un partisan d’une armée de métier, puis en se prononçant, comme candidat, pour la réduction de l’incorporation à six mois, est-il allé le plus loin. Les autres, au nom de l'"impôt du temps" ainsi que du lien armée-nation, ont privilégié le concept d’une défense composée d’appelés et de professionnels. Au printemps de 1994, le livre blanc sur la défense s’était prononcé pour le maintien de la conscription. Tout comme, aujourd’hui, la Commission armées-jeunesse.

En 1996, Jacques Chirac soulève la question de la fin du service national : "Le service n’est plus tout à fait adapté, une réforme de cette vénérable institution s’impose. "

Mais, en réalité, tous font le même constat : 1. Le service ne répond plus à sa fonction de creuset républicain. Ses principes d’"universalité" et d'" égalité" ne correspondent plus à rien. Ses formes civiles sont réservées aux élites. Aux "fils d’archevêque", comme les surnomment les officiers. 2. L’effondrement du pacte de Varsovie a radicalement changé la position stratégique de la France et donné un sérieux coup de vieux à la conscription. Une invasion massive venant de l’Est, qui aurait exigé une mobilisation générale, n’est plus d’actualité. Aujourd’hui, la priorité est à la projection de forces qualifiées sur des théâtres extérieurs, comme l’a démontré la guerre du Golfe. A l’époque, pour mettre sur pied la division Daguet, forte de 10 000 hommes, il avait fallu déshabiller 47 régiments de leurs professionnels ! D’où la grande ambition de Jacques Chirac de tout remettre à plat. "Nous devons non pas conserver l’armée de nos habitudes, mais construire l’armée de nos besoins", aime-t-il répéter en citant ce passage de Vers l’armée de métier, d’un certain colonel de Gaulle.

Dérives inacceptables

Aujourd’hui, le tiers d’une classe d’âge se fait réformer ou exempter. Et, dans ce nombre, la très grande majorité vient des milieux aisés et a fait des études sérieuses. C’est connu : on retrouve de préférence dans les casernes les jeunes gens sans diplôme ou ceux qui n’ont pas eu le piston nécessaire pour passer au travers. Quant aux élites qui ont choisi une forme civile de service - 22 000 personnes sur 262 000 incorporés - l’injustice est encore plus criante. A tel point qu’un rapport du Conseil économique et social, réalisé par Jean Bastide il y a peu, dénonce les "dérives inacceptables" d’un tel service et s’interroge sur sa finalité.

Qu’y a-t-il de commun entre le jeune troufion en garnison à Metz, qui reçoit une solde de 500 et quelques francs, couche à la caserne et n’a que treize jours de permission en dix mois, et le jeune HEC qui fait son service en entreprise à New York ou à Singapour, a des horaires de bureau, ses week-ends libres et touche, alors qu’il est nourri et logé par son employeur, un salaire qui peut dépasser 10 000 francs ?

Fort de cette réalité, convaincu de la nécessité d’une armée de métier aux effectifs sensiblement réduits, Jacques Chirac s’apprête à signer l’arrêt de mort du service national dans sa forme actuelle. A l’exception de ceux qui se porteront volontaires pour un service long dans l’armée, toute une classe d’âge (800 000 personnes) devra, à terme, une période - dont la durée n’est pas encore déterminée - à la nation pour faire de la formation, de l’humanitaire, aider les collectivités, travailler dans des associations, sans pour autant piquer les emplois des "vrais" civils. Bref, tenter à sa manière de réduire la fameuse fracture sociale.

Ce service sera-t-il obligatoire et pour les garçons et pour les filles ? Qui les gérera ? Le seul ministère de la Défense ? Qui les formera ? On parle de la gendarmerie, mais l’idée ne fait pas l’unanimité. "Il est encore trop tôt. Nous n’avons rien arrêté", dit-on Rue Saint-Dominique.

Principale victime de ce projet : l’armée de terre, qui utilise 61 % du contingent. A terme, elle devra s’en passer. La diminution programmée de ses effectifs pour aboutir à un format de 140 000 professionnels promet des disparitions de régiments, avec les conséquences économiques que cela implique. Pour Chirac, les vrais ennuis sont à venir.















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