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Finances publiques : les sombres prophéties de Raymond Soubie

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Conseiller de Jacques Chirac et de Raymond Barre à Matignon, puis de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Raymond Soubie arpente depuis plus d'un demi-siècle le maquis des questions sociales. A 85 ans, l’éminence grise de la droite a tout vu, lu et entendu. Sur le financement des retraites, du chômage, de l’Assurance-maladie. Cette tuyauterie complexe qui alimente, bon an, mal an, notre Etat-providence. Les 21 et 22 novembre derniers, les Rencontres Capitales, organisées par son groupe de presse AEF, ont réuni un parterre de patrons, d'experts et de chercheurs pour explorer ce qui nous relie encore en France. Pas la politique, à l’évidence. En recevant L’Express dans ses bureaux d’Alixio, le cabinet de conseil en ressources humaines qu’il a fondé et préside toujours, le grand officier de la Légion d’honneur n’affiche pas la sérénité des vieilles troupes sur le sujet n° 1 du moment : le budget.

Dans l’excellent livre de Nicolas Dufourcq, La Dette sociale de la France, 1974-2024, paru récemment chez Odile Jacob, il se disait "pessimiste et désemparé" devant la médiocrité du débat autour de l’endettement record du pays - 3 500 milliards d’euros –, constitué pour plus de la moitié par des prestations sociales financées depuis quarante ans à crédit. Son entrevue avec le directeur général de Bpifrance s’était tenue fin avril. François Bayrou, seul contre tous, tentait à l’époque d’alerter le pays sur "l’urgence vitale" de maîtriser nos dépenses publiques.

Six mois plus tard, changement de décor : Sébastien Lecornu s’efforce, lui, de faire passer un projet de loi de finances que l’Assemblée nationale détricote au gré d’alliances exotiques entre la gauche et l’extrême droite. Un budget "Frankenstein", qui vire au Grand-Guignol. L’examen de la partie consacrée aux recettes, largement remaniée par les députés et alourdie de dizaines de milliards d’euros d’impôts nouveaux, vient de se solder par un scrutin inédit sous la Ve République : 404 votes contre, 1 seul pour…

L’origine du drame

Dans cette atmosphère délétère, Raymond Soubie livre son oracle : "Il n’y a aucune raison objective qu’on puisse sortir de ce blocage avant la présidentielle de 2027. Parce que notre système parlementaire n’est pas adapté à une situation de cet ordre. Le 'ni droite, ni gauche' qui a porté Emmanuel Macron au pouvoir a entraîné une confusion dans le pays, d’abord intellectuelle puis politique. D’où vient cette fragmentation, qui fait que chacun s’autorise aujourd’hui à dire tout et n’importe quoi ? Des législatives de juin 2022, juste après la réélection du président de la République. Emmanuel Macron pensait qu’elles seraient une formalité car il venait d’obtenir un score confortable au deuxième tour, avec plus de 58 % des suffrages exprimés. 'Aux législatives, on n’a pas fait campagne', m’avait confié l’un de ses très proches. Résultat : le camp présidentiel a perdu la majorité absolue à l’Assemblée. La dissolution de 2024 n’est pas la cause de la paralysie actuelle mais la conséquence de cette erreur initiale de jugement. Pour se rassurer à bon compte sur le niveau de la discussion parlementaire, certains professent à présent : 'C’est ce qu’ont voulu les Français'. C’est faux ! Les Français ne veulent pas du spectacle déplorable auquel on assiste depuis des semaines, et dont on ne voit pas le bout."

Ci-gît la politique de l’offre

Le 4 décembre, la 20e édition des Etats de la France réunira au Conseil économique, social et environnemental (Cese) des centaines de représentants de multinationales étrangères implantées dans l’Hexagone. Un raout piloté par une des sociétés de Raymond Soubie et qui risque d’avoir une tonalité toute particulière. "Au début de l’année, raconte-t-il, trois responsables de filiales, membres de cette communauté, m’ont appelé : 'Nos maisons mères ne comprennent rien à ce qu’il se passe en France. Elles nous inondent d'e-mails pour avoir des explications. Dites-nous comment vous voyez les choses.' J’ai organisé un dîner. Ce ne sont pas trois patrons qui sont venus, mais 30. Le seul sujet qui leur importait, c’était la politique de l’offre. Tous m’ont affirmé que c’est cette politique, défendue avec un certain brio par Emmanuel Macron notamment lors des sommets Choose France, qui avait convaincu leurs états-majors d’investir en France. Ils m’ont demandé ce qu’elle allait devenir, et je leur ai donné mon sentiment, mitigé. Je les ai revus il y a une semaine, pour préparer notre événement au Cese. 'On ne vous posera plus la question, m’ont-ils dit, on a compris : il n’y a plus de politique de l’offre en France.' C’est un changement complet de paradigme. Cette politique, qui a permis au pays de regagner de l’attractivité aux yeux des investisseurs étrangers, n’existe plus dans les têtes."

L’exemple de 2010

Le sort de l’autre grand legs du macronisme, la réforme des retraites de 2023, n’est guère plus enviable : Sébastien Lecornu a acté sa suspension dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Une décision qui fait bondir Raymond Soubie : "Revenir en arrière aujourd’hui, après avoir franchi l’obstacle du 49.3 et de la contestation sociale, c’est proprement stupéfiant." Artisan de la précédente réforme, celle de 2010, qui avait haussé l’âge légal de départ de 60 à 62 ans, l’ancien démineur en chef de Nicolas Sarkozy n’en démord pas : "Le seul moyen, assure-t-il, pour combler le déficit du régime, c’est de repousser l’âge de départ, ou d'allonger la durée de cotisation, qui en est la variante douce parce que les effets sont plus lents. Nos voisins ont adopté cette approche de longue date, et sans drame. Il n’y a qu’en France que l’on voit de tels remous. Il y a quinze ans, tous les syndicats y étaient déjà hostiles. Les manifestations avaient réuni des millions de gens. Nicolas Sarkozy avait tenu bon. Et puis, ça s’était tassé."

La réforme menée par Élisabeth Borne, qui visait un passage progressif à 64 ans à l’horizon 2030, avait essuyé la même opposition. Mais le soufflé, ces derniers mois, était retombé. Jusqu’à ce que le Parti socialiste fasse de sa remise en question la clé de voûte de son accord de non-censure avec le gouvernement. "L’idée selon laquelle cette suspension ne vaut que jusqu’en janvier 2028 est une fable, poursuit Raymond Soubie. Quel candidat à la prochaine présidentielle osera remettre le sujet des 64 ans sur la table ? Le Rassemblement national est contre, la gauche aussi. Je crains que ce coup d’arrêt ne plombe durablement nos finances publiques, qui n’en avaient pas besoin. La France a fait machine arrière alors même que sa démographie - moins d’actifs, plus d’inactifs, c’est d’une simplicité biblique… - exigerait au contraire d’accélérer. C’est très inquiétant."















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