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Le cinéma français est-il prisonnier de ses clichés sociaux ?

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Le personnage de l’écrivain est au cinéma français ce que Paris est au cinéma américain, d’abord une succession de clichés. Dans A Pied d’œuvre de Valérie Donzelli, Paul Marquet (Bastien Bouillon) a d’abord connu un certain succès avec ses premiers romans autobiographiques. Le jeune photographe a décidé de vendre ses appareils pour se lancer dans l’écriture. Et le public avait marché. Mais quand le film commence, c’est la débâcle : sa femme le quitte, emmenant avec elle ses deux enfants. Son "éditrice Gallimard" (Virginie Ledoyen) lui refuse son dernier manuscrit. Fauché, il doit quitter son bel appartement pour un entresol de 20 mètres carrés avec vue imprenable sur les chaussures des passants et les déjections canines.

Il lui faut aussi trouver du boulot sur un site d’enchères esclavagiste où celui qui offre ses services à plus bas prix remporte le job : tondre une pelouse avec un sécateur, démonter une mezzanine d’une demi-tonne, déboucher les gogues à la petite cuiller, et finir en taxi de nuit, clandestin. Imaginez comment ça va finir et vous avez gagné : toujours pareil, dans tous les films dont le héros est un écrivain : par la séance de dédicaces. Et moi, le happy end me fait chialer, parce que, forcément, malgré ou grâce aux lieux communs, j’ai fini par m’identifier à cet écrivain français autobiographique qui a tant souffert de l’incompréhension de ses proches.

Le film de Donzelli est adapté du sixième et dernier roman de Franck Courtès, A pied d’œuvre, paru chez Gallimard en 2023, un an avant que l’auteur n’atteigne ses 60 ans. Il en a vingt de moins dans le film. C’est peut-être pour ça qu’on n’y croit qu’à moitié. Ou alors c’est la critique sociale dont les sabots sont, ici, un peu lourds. Faire le grouillot chez un bobo parisien, c’est cruel, bien entendu. Si le bobo avait dans sa bibliothèque un des livres écrits par son grouillot, ça m’aurait intéressé davantage. Courtès ne l’a pas vécue, et a dû se contenter du "prix du roman d’entreprise et du travail" et d’une adaptation au cinéma. Cliché nécessaire à notre présence dans la salle.

Le moralisme n’est pas loin

A la souffrance physique s’ajoute celle du déclassement, mais l’écrivain du matin cesse-t-il de l’être l’après-midi, alors que sa vie de prolo va enrichir son prochain livre ? La schizophrénie inhérente à tout artiste est mise en scène à plusieurs reprises, la cinéaste semblant protester contre une violence psychologique et une injustice, pourtant choisies par l’écrivain. Le moralisme n’est pas loin, c’est toujours mieux que l’amoralité. Mais la fracture sociale n’est pas soluble dans la sociologie, encore moins dans le socialisme. Peut-être dans l’amour, comme le prétend, le propose, l’espère le film de Jérôme Bonnell, La Condition.

Film d’époque. Adaptation d’un roman de Léonor de Récondo, paru il y a dix ans chez Sabine Wespieser. Une maison de notaire de province, au début d’un XXe siècle qui se croit encore sous Maupassant, sous Flaubert, et qui attend Simenon. Le jeune notaire (Swann Arlaud) engrosse Céleste, la bonne (Galatea Bellugi), loin d’être consentante. Trop tard pour l’avortement, il faut chasser la vilaine. A moins que la femme du notaire, Victoire (Louise Chevillotte), qui n’arrive pas à avoir l’enfant que lui réclament son mari et sa belle-mère, Mathilde (Emmanuelle Devos), hémiplégique et tyrannique (extraordinaire Devos !), à moins, disais-je, que les époux diaboliques ne se servent de l’enfant pour pallier leur infertilité et réalisent cette GPA avant l’heure. A moins que les deux femmes… eh bien oui, s’aiment.

La question qui se pose alors n’est plus de savoir si une telle situation a pu exister à cette époque, bien sûr que oui, mais, à ma connaissance, il n’existe pas de roman qui ait poussé aussi loin la relation amoureuse, puis parentale, de deux femmes. Encore moins un film. Ce qui devrait suffire à considérer celui-ci comme important. Et à l’envisager, je l’espère, comme le premier épisode d’une histoire contemporaine, sans les costumes pour faire époque.















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