Michel Rocard, un éternel jeune en politique
0
Ces derniers temps, la politique devait certainement donner quelques cheveux blancs à Michel Rocard, même si l’ancien Premier ministre n’en avait déjà plus beaucoup. Lui qui fut très longtemps un Européen convaincu considérait pourtant avec optimisme que la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE était une «chance». «Aussi longtemps que les Britanniques seront là, on ne pourra rien faire», jurait-il au Point dans une interview-fleuve. «Si le Brexit se fait, cela devient possible. Encore faut-il le vouloir et que les dirigeants européens saisissent cette chance! La survenance du Brexit ne comporte aucune garantie mais c’est une permission. Nous en avons besoin pour la survie de l’Europe.»
A cela, il avait ajouté auparavant, dans Le Parisien, que l’Europe n’avait pas eu les effets escomptés: «Nous n’avons pas su utiliser l’Europe pour lutter contre le chômage, la précarité ou le ralentissement de la croissance. Elle n’a servi à rien de tout cela. Juste de relais au pouvoir bancaire pour organiser le maintien de l’austérité.» Une déclaration provocatrice et inattendue, passée pourtant inaperçue à l’époque. Comme un signe de l’incompréhension manifeste qui a toujours entouré celui qu’on décrivait parfois trop vite comme la grande conscience morale de la gauche, leader d’une deuxième gauche qui bâtit trop tard une social-démocratie à la française. Comme un signe, aussi, que Michel Rocard comprenait encore la ... Lire la suite