A quoi sert la polémique Cazeneuve?
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En d’autres temps, ce serait une bonne idée de parler de Bernard Cazeneuve. On dirait, par exemple, que cet homme rachète par sa sobre humanité ce que la politique a de cynique et de verbeux. On se souviendrait qu’il était maire de Cherbourg en 2002 quand des enfants de sa ville, employés de la construction navale, mouraient dans l’attentat de Karachi, et il dut, alors, protéger les familles du bruit et de la pourriture qu’exhalerait bientôt cette affaire, née de la corruption et conclue dans le sang. Cazeneuve a su la mort bien avant que Daesh ne dépucèle à l’horreur ses commensaux politiques. On rappellerait aussi que son meilleur ami s’appelle François Zimeray, notre ambassadeur au Danemark, miraculé il y a un an d’un autre attentat. On dirait de Cazeneuve que son poste l’entame, qu’il ressent plus que d’autres le tragique et l’absurde, que sa rigidité est un masque et sa sauvegarde…
En d’autres temps, on parlerait de Bernard Cazeneuve, politicien professionnel et homme estimable, ça n’a rien d’incompatible. Mais quatre-vingt-quatre morts nous en empêchent. Ce qu’est un homme vivant n’est pas passionnant quand des hommes sont morts, si cet homme vivant avait la charge de les garder. Sans doute le sait-il. Après Nice, l’humanité de Bernard Cazeneuve est une anecdote et son destin politique une futilité. L’énergie mise à le défendre par ses camarades du pouvoir a quelque chose d’indécent, tant elle donne le ... Lire la suite