Après guerre, d'anciens nazis espionnaient les faits et les gestes des personnalités allemandes
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Depuis quelques années, une commission d'historiens indépendante tente de faire la lumière sur le passé trouble des services secrets allemands. Car la création du Bundesnachrichtendienst (BND), le service de renseignement extérieur du gouvernement allemand, a été confiée dans les années 1950 à un ancien officier de la Wehrmacht, Reinhard Gehlen, comme vous nous le racontions déjà ici en citant notamment un article paru dans le quotidien Die Welt.
Selon les recherches de l'historien berlinois Gerhard Sälter, membre de cette commission et qui vient de publier un ouvrage retraçant les débuts du BND, l'«organisation Gehlen», comme était surnommée la troupe d'anciens nazis réunie autour de l'ancien officier, a placé sous surveillance des centaines de personnalités allemandes, parmi lesquelles des membres du gouvernement, de hauts responsables politiques, mais aussi des militaires, des scientifiques, des journalistes et des universitaires –à l'instar du philosophe de gauche Theodor W. Adorno– , rapporte l'hebdomadaire Der Spiegel.
Tous les coups étaient permis dans le cadre de cette vaste opération qui répondait au nom de code «Fadenkreuz» («en ligne de mire»):
«Les agents cuisinaient les autorités et les voisins des suspects et recrutaient des indics. […] Dans certains cas, les services secrets ont ouvert des lettres et ont placé un appartement sous écoute.»
Défendre leurs propres intérêts
Ces centaines de ... Lire la suite