Ethiopie : la distribution de nourriture arrêtée à cause de pillages
Des rebelles tigréens armés en sont rendus responsables, dans une ville dont l’armée nationale a revendiqué la reprise.
Le Programme alimentaire mondial (Pam) des Nations unies a suspendu ses distributions de nourriture dans les villes de Kombolcha et Dessie (province d'Amhara, nord de l'Éthiopie), en raison de "pillages massifs" attribués aux rebelles tigréens du TPLF (Tigray People's Liberation Front), a annoncé un porte-parole de l'Onu. "Des pillages massifs d'entrepôts à Kombolcha ces derniers jours, apparemment par des éléments des rebelles tigréens et des membres de la population locale" ont été déplorés. "De grandes quantités de vivres, y compris des produits nutritionnels pour les enfants malnutris, ont été volées et pillées", a précisé le porte-parole, soulignant que ces vols risquaient d'accroître l'insécurité alimentaire dans le nord.
Au total "9,4 millions de personnes" sont "en situation critique d'assistance alimentaire", indique l'Onu : 5,2 millions au Tigré, 534 000 dans la province d'Afar et 3,7 millions dans celle d'Amhara.
"Les équipes du Pam sur le terrain n'ont pas été en mesure d'empêcher les pillages alors qu'elles faisaient face à une forte intimidation et étaient sous la menace d'armes", a indiqué le porte-parole, en dénonçant une violence "inacceptable" à l'égard d'employés de l'Onu.
Le gouvernement éthiopien a récemment annoncé la reprise de Dessie et Kombolcha, carrefours stratégiques sur la route vers la capitale. Les rebelles tigréens ont démenti tout avantage militaire, affirmant que l’armée n’avait récupéré que des zones abandonnées après des retraits stratégiques des rebelles.
Lalibela et ses monolithes repris par Addis
La même argumentation a été utilisée par le TPLF au sujet de la reprise, par les forces d’Addis Abeba, de Lalibela, ville de l’Amhara qui est un lieu saint pour les dizaines de millions de chrétiens orthodoxes et un site touristique majeur avec ses onze églises monolithes millénaires.
Lorsqu'ils avaient pris la ville - d'où les forces loyalistes avaient fui - en août dernier, les rebelles tigréens avaient demandé aux fidèles de crier "Dieu sauve notre ville !". Les quatre mois qui ont suivi n'ont été que privations et violence. Sans transport, électricité, banques ni communications, les habitants se sont retrouvés coupés du monde. Les rebelles ont pillé des établissements de santé, les bureaux officiels, les banques et saccagé l'aéroport. Frappant aux portes des maisons à toute heure, ils réclamaient téléphones portables et nourriture, racontent des habitants. "Vous ne pouviez pas leur demander de vous rendre les choses. Ils avaient des armes, ils ont dit qu'ils nous tueraient."
Cette situation a pris fin la semaine dernière lorsque l’armée a repris Lalibela lors d’une contre-offensive éclair, après plus d’un an de conflit entre forces pro-gouvernementales et rebelles tigréens. L’AFP a été le premier média indépendant à pénétrer dans la ville. (AFP)