Géorgie: l'ex-président Saakachvili annonce une nouvelle grève de la faim en prison
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L'ex-président et chef de file de l'opposition géorgienne Mikheïl Saakachvili a annoncé lundi entamer une nouvelle grève de la faim pour protester contre ses conditions d'incarcération, une décision que ses médecins jugent susceptible de lui être fatale.
"J'entame une grève de la faim", a déclaré M. Saakachvili devant un tribunal de Tbilissi, la capitale de la Géorgie, demandant à recevoir des "soins médicaux adéquats" en prison.
M. Saakachvili, qui a dirigé ce pays du Caucase de 2004 à 2013, a été arrêté puis emprisonné en octobre à son retour d'exil pour purger une condamnation pour abus de pouvoir qu'il considère comme étant politique.
L'an dernier, il avait déjà observé une première grève de la faim, de 50 jours, pour dénoncer son incarcération. Il y avait mis fin le 20 novembre, après avoir été transféré dans un hôpital militaire pour y recevoir des soins.
L'ancien chef de l'Etat, âgé de 54 ans, a cependant été renvoyé derrière les barreaux le 30 décembre, malgré l'inquiétude de son entourage qui le dit très souffrant.
Un conseil indépendant de médecins avait souligné en décembre qu'il souffrait encore de graves troubles neurologiques, conséquence selon eux de mauvais traitements subis en détention.
Selon l'une des membres de ce conseil, la psychiatre Mariam Jichkariani, "la nouvelle grève de la faim de Saakachvili pourrait s'avérer fatale".
"Actuellement, il ne reçoit pas de soins médicaux appropriés et cela pourrait aboutir à son incapacité permanente", a-t-elle affirmé à l'AFP.
C'est précisément pour se voir prodiguer des soins en matière neurologique que M. Saakachvili a annoncé lundi qu'il cessait à nouveau de s'alimenter, ainsi que pour dénoncer la décision des autorités d'empêcher son médecin personnel de lui rendre visite en prison.
"Vengeance politique"
Pour l'ONG Amnesty International, le traitement infligé à l'ex-président relève "non seulement de la justice sélective, mais de la vengeance politique selon toute apparence".
Le département d'Etat américain a appelé le gouvernement géorgien à "traiter Saakachvili de manière juste et avec dignité".
Pour sa part, la Cour européenne des droits de l'Homme a demandé que les autorités géorgiennes "assurent sa sécurité en prison et lui apportent une assistance médicale appropriée".
L'arrestation de M. Saakachvili a exacerbé une crise politique consécutive aux élections législatives de 2020, remportées de justesse par le parti au pouvoir du Rêve géorgien et que l'opposition a jugées frauduleuses.
Président pro-occidental de 2004 à 2013 et aujourd'hui considéré comme le chef de l'opposition, M. Saakachvili était retourné en Géorgie le 1er octobre après un exil de huit ans et avait été immédiatement arrêté.
Les défenseurs des droits de l'homme accusent le gouvernement géorgien d'user des poursuites pénales pour sanctionner les opposants politiques.
Le Premier ministre Irakli Garibachvili a créé la polémique dans son pays en déclarant peu après l'arrestation de l'ancien chef de l'Etat que le gouvernement n'avait pas eu d'autre choix que de l'arrêter parce qu'il refusait de quitter la vie politique.