L’industrie "tech" belge tourne de nouveau à plein régime : 7 000 emplois supplémentaires vont être créés
Agoria se félicite du rebond de son secteur. Mais la fédération épingle trois freins potentiels.
Production, investissement, emploi, exportation… Les indicateurs de l’industrie technologique belge sont tous au vert. L’année 2021 a été un excellent cru et 2022 s’annonce sous de bons auspices. Sauf que ce n’est pas aussi simple que ça, diagnostique Agoria, la fédération qui représente plus de 2 000 entreprises du secteur
Côté pile, la “tech” belge tourne à nouveau à plein régime. Passé le trou d’air de 2020 (-5 %), l’industrie a retrouvé, l’an dernier, le niveau d’activité d’avant la pandémie grâce à un rebond de la production de 6 %. Les investissements sont aussi repartis à la hausse (+2,3 %), de même que les exportations (+13 % sur les onze premiers mois). Ce dynamisme a rejailli sur l’emploi : 8 000 nouveaux jobs ont été créés et pourvus par les entreprises du secteur en 2021. Au total, les différents sous-secteurs de l’industrie technologique emploient 320 000 personnes, soit 7,65 % de l’emploi en Belgique.
"En septembre, rappelle Bart Steukers, CEO d'Agoria, nous nous étions engagés à créer et à pourvoir 16 emplois supplémentaires chaque jour ouvrable entre le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2030 (contribution du secteur à l'ambition du gouvernement fédéral de porter le taux d'emploi de la Belgique à 80 %, NdlR). Nous avons doublé notre objectif en 2021 en créant 32 emplois par jour ouvrable". Pour cette année, Agoria prévoit la création de 7 000 emplois supplémentaires, soit 28 emplois créés et pourvus par jour ouvrable.
Côté face, Agoria se montre moins enthousiaste. Non pas que la fédération doute de ses prévisions de croissance pour cette année, mais en raison de l'existence de plusieurs freins susceptibles d'empêcher le secteur de réaliser tout son potentiel en 2022. Bart Steukers en épingle trois : inflation élevée, pénurie de talents et craintes en matière d'approvisionnement (composants électroniques, matières premières, énergie, etc.). "Il est essentiel que le gouvernement fédéral mette toute en œuvre pour maîtriser notre coût salarial croissant, préserver les piliers fiscaux de notre politique de R&D et augmenter la différence entre le travail et l'inactivité", insiste le CEO d'Agoria.
Une compétitivité à nouveau menacée
Faisant le double constat d'une récente érosion de la part de marché de la Belgique dans les exportations de biens technologiques et d'un handicap salarial de 12 % (par rapport à nos trois principaux voisins), Agoria demande au gouvernement De Croo de maîtriser le coût salarial en appliquant "strictement" la loi de compétitivité de 1996. "Si nous n'agissons pas, la pression sur notre compétitivité va augmenter et tous les efforts des six dernières années auront été vains", prévient Bart Steukers.
En matière d'emploi, Agoria s'inquiète de l'aggravation de la pénurie de main-d'œuvre. Car s'il n'y a jamais eu autant de personnes travaillant dans le secteur au cours des dix dernières années, le nombre de postes vacants atteint lui aussi un niveau record (21 000). "Pour y remédier, il faut investir dans le développement de mesures favorisant une plus grande différence entre le travail et l'inactivité. La principale recette de l'activation est de mettre en place une forte incitation financière – sans alourdir le coût salarial – pour que les gens se mettent ou restent au travail". Et M. Steukers de suggérer de conditionner les allocations de chômage au suivi de formations, de faciliter l'accès à la formation dans les professions en goulot d'étranglement et de permettre aux personnes de plus de 60 ans de travailler plus longtemps.