En Corse, le FLNC parle de reprendre du service
Le mouvement indépendantiste s’est dit prêt à reprendre la lutte devant le "déni méprisant" de l’État face aux aspirations du peuple corse.
Le Front de libération nationale corse (FLNC) a menacé mercredi, dans un communiqué adressé au quotidien régional Corse-Matin, de reprendre la lutte, devant le "déni méprisant" de l'État face aux aspirations du peuple corse, expliquant que sur l'île "la révolte provoque l'insurrection". "Si l'État français demeurait encore sourd, alors […] rapidement les combats de la rue d'aujourd'hui seront ceux du maquis de la nuit de demain", avertit le communiqué du mouvement indépendantiste clandestin, qui avait officiellement déposé les armes en 2014, au terme de quatre décennies de lutte armée marquées par plus de 4 500 attentats revendiqués.
Le groupe indépendantiste clandestin, qui milite depuis 1976 pour l’indépendance de l’île méditerranéenne, est tenu pour responsable d’assassinats politiques et de plastiquages contre des bâtiments publics. Depuis plus de 40 ans, les nationalistes et indépendantistes font valoir leurs revendications d’autonomie ou d’indépendance. Ce conflit a été marqué par l’assassinat, le 6 février 1998 à Ajaccio, de Claude Érignac, préfet de Corse et de Corse-du-Sud. L’enquête va mener jusqu’à Yvan Colonna, un militant indépendantiste corse. Arrêté en 2003, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Une agression qui réveille les contentieux
Enfermé dans une prison à Arles, dans le sud de la France, Yvan Colonna a été agressé le 2 mars dernier en prison par un codétenu, emprisonné pour terrorisme. Son agression a duré près de dix minutes sans que personne intervienne. Il est dans le coma depuis et son pronostic vital reste engagé.
Cette agression a mené à de multiples manifestations en Corse, à l'appel d'étudiants, de lycéens, d'organisations nationalistes et de syndicats. Elles ont été émaillées de violences. Des bâtiments publics sont également occupés par des militants nationalistes, "des occupations pacifiques, qui montrent que la mobilisation reste forte et qu'elle continuera et s'amplifiera si la réponse politique attendue par tout le monde n'est pas apportée", selon Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de Corse.
Pour les manifestants, l'agression d'Yvan Colonna s'apparente à un crime d'État, des mots rejetés par le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a toutefois admis "une part de responsabilité de l'État" dans ce drame. M. Darmanin est en Corse ces mercredi et jeudi, pour tenter d'apaiser les tensions. Il a annoncé à cette occasion et à moins d'un mois de l'élection présidentielle, dans un entretien accordé à Corse-Matin, que le gouvernement était "prêt à aller jusqu'à l'autonomie".