"On a le sentiment d’être pris en otage d’une classe politique corrompue…"
Mars 2021 : le festival de Berlin se déroule en édition virtuelle. On découvre les films à distance et les entretiens ont lieu en Zoom.
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont à Beyrouth, nous à Bruxelles, nos confrères un peu partout : Berlin, Oslo, Buenos Aires, Tokyo…
La valse des fuseaux horaires donne le vertige mais témoigne de l'universalité du propos de Memory Box.
Quand la communication s'interrompt pour la troisième fois en dix minutes, le couple de réalisateurs s'en amuse : "Dès qu'on prononce le mot Liban, ça bugue…"
La fin de votre film ramène aux événements récents : l’explosion dans le port de Beyrouth [qui a eu lieu en août 2020]. N’est-ce pas désespérant alors que vous terminiez sur des images du Beyrouth reconstruit ?
Joana Hadjithomas : C’est extrêmement triste en fait, quand on voit tout ce que les Libanais ont traversé, entre la dévaluation de la monnaie, la pauvreté galopante. On a le sentiment d’être pris en otage d’une classe politique corrompue…
Khalil Joreige : Nous nous sommes demandé si le film restait pertinent après. Le film porte les fantômes du passé et ceux du présent.
Joana : En fait, on a très peu de possibilités d’être plus désespérés et vous savez, on a besoin de lumière. Et le partage et la lumière, ce sont des choses auxquelles on se raccroche quand les situations sont compliquées et difficiles, il y a ça qui demeure.
Memory Box présente une vision inattendue de la vie durant la guerre : on y rit, on y danse, on ...