La diplomatie pour les nuls : Très cher Niger
Le putsch du 26 juillet à Niamey, en s’accompagnant d’un renversement d’alliances aux dépens de Paris et au profit de Moscou, a fourni la dernière illustration en date d’une vieille coutume nigérienne : se donner au plus offrant.
La “diplomatie du dollar” qui, en Afrique, a longtemps mis aux prises la Chine et Taïwan, a montré l’exceptionnelle expertise nigérienne en la matière. Indépendant, le Niger avait logiquement établi, en 1963, des relations diplomatiques avec la “Chine” de l’époque, celle de Chiang Kai-shek (c’est-à-dire Taïwan). Il avait tout aussi logiquement rompu, en 1974, pour reconnaître, à la suite des Occidentaux, la République populaire de Mao. Toutefois, le 19 juin 1992, la banqueroute avait de nouveau précipité le Niger dans les bras de Taïwan. Avant qu’il fasse marche arrière, le 15 juillet, son gouvernement se voyant reprocher d’avoir bradé l’honneur du pays pour un chèque de 50 millions de dollars. Une semaine plus tard, l’enveloppe ayant été matelassée, la rupture avec Pékin était malgré tout consommée. Jusqu’en 1996 et une réconciliation tout aussi peu désintéressée avec la Chine.
La saga n’est pas aussi lointaine qu’il y paraît. La Chine a, depuis, supplanté la France comme premier investisseur au Niger. Elle a la haute main sur le secteur énergétique, possède les deux tiers du gisement pétrolier d’Agadem, finance un immense oléoduc jusqu’à l’Atlantique via le Bénin, et construit un barrage hydroélectrique sur le Niger près de Kandadji.
À Pékin, où l’on préfère les intrigues de palais aux coups d’État, on s’est un peu ému des événements ...