A Guéret, un an après la démolition de la tour Brésard, les habitants profitent d'un nouvel horizon

« Regardez, maintenant j’ai le soleil. » Lucette Pateyron, 94 ans, est fière de montrer la belle vue qui s’offre à elle depuis son balcon. Il y a un an, elle était occultée par les dix étages de l’immense tour numéro 12 du quartier Brésard, à Guéret.

Cela fait 50 ans que la « doyenne », comme la surnomment ses voisins, habite au troisième étage de l’immeuble numéro 10. Elle aime raconter qu’elle a fait toute sa carrière au « MCR », un établissement militaire situé à Cher-du-Prat (devenu BSMat). Son logement est impeccablement rangé et joliment décoré. « J’ai un appartement magnifique, sourit-elle. De l’autre côté, je vois les arbres depuis ma fenêtre. » La nonagénaire semble « très contente » du changement.

Comme beaucoup d’habitants du quartier, elle était à l’espace André-Lejeune, le dimanche 14 mai 2023. Elle a pu assister à la retransmission en direct, sur écran géant, de l’effondrement de la tour numéro 12. Ce bâtiment était emblématique, avec son ascenseur panoramique et sa fresque sur la façade. « Il y avait de l’émotion ce jour-là », se souvient Lucette.

Trois millions d’euros

Le bailleur social Creusalis et la mairie de Guéret ont piloté cette opération inédite, qui s’est déroulée sans accrocs. Dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain, la démolition avait pour but de verdir le quartier et de l’ouvrir sur l’extérieur. Le coût total de l’opération s’élève à trois millions d’euros.

Revivez en vidéo l'effondrement de la tour HLM n°12 de Brésard à Guéret

Les gravats ont été rapidement évacués et le terrain a été engazonné. Les habitants se demandent ce que le site va devenir. « Les chiens vont y faire leurs besoins. Du coup, on ne peut pas aller dans l’herbe », regrette Lourdes Costa, qui réside depuis 2004 au numéro 10 de la rue du Dr Brésard.Lourdes

Cette habitante du 1er étage a transformé son balcon en mini-jardin. Une vingtaine de pots remplis de plantes et de fleurs égaient son petit extérieur. « Je suis contente, je vois plus loin. » En cette saison, elle a l’habitude d’aller cueillir des orties non loin de l’immeuble. « J’adore la soupe à l’ortie, c’est très bon », conseille-t-elle.

Des arbres et des bancs 

Les habitants aimeraient qu’à la place de l’ancienne tour soient plantés des arbres, des fleurs et des bancs « pour que les personnes âgées puissent s’asseoir ». Ils suggèrent aussi des jeux pour enfants, même s’il y en a déjà à l’autre extrémité de l’îlot Brésard.

Chantal Lejeune, qui occupe un appartement au rez-de-chaussée, souhaiterait qu’un « vrai projet » émerge pour aménager le site. « Pourquoi pas un magasin ? Un petit supermarché ouvert le dimanche et les jours de fête, pour du dépannage, ça serait bien. Il n’y a pas grand-chose dans le quartier. »Chantal

La retraitée a vu son panorama se métamorphoser, notamment au niveau de son salon. Elle en est ravie : « J’ai beaucoup plus de lumière. Avant, j’avais le soleil uniquement quand il se couchait. Maintenant, je l’ai à partir de 3 heures l’après-midi. C’est agréable. Il y a plus de lumière, de visibilité. » Elle profite désormais d’une belle vue sur la verdure, les tourterelles et « son sapin » qu’elle peut admirer à droite de son balcon.

Le Maupuy, Grancher et l’hélistation de l’hôpital

Au huitième et dernier étage de la tour numéro 10, Odile Peynet est intarissable quand il s’agit de parler de son nouveau panorama. « Qu’est-ce qu’on est bien maintenant, s’exclame-t-elle en caressant son chat devant sa porte-fenêtre. Ça change énormément. Avant, je ne voyais rien. Là, je vois tout. » Elle cite le Maupuy, Grancher, l’hélistation de l’hôpital, l’église, le lycée Bourdan, l’annexe de l’IUFM, le cimetière, les cités Beauregard, Sylvain Blanchet, Madeleine Chapelle… « En été, je vois même les parapentistes, ajoute-t-elle. Je suis tranquille. Je peux me mettre sur le balcon. »Odile

Les habitants se réapproprient peu à peu leur quartier. Une grande fête a d’ailleurs été organisée en novembre dernier pour réunir tout le monde. Lucette Pateyron, la doyenne de l’immeuble numéro 10, a gardé ses bonnes habitudes. Ménage et cuisine le matin. Promenade l’après-midi. « Je suis une marcheuse », précise la nonagénaire à l’allure svelte. Elle passe aussi du temps dans son appartement « à regarder passer les voitures », ou à côté de l’immeuble. « J’ai “mon petit coin”. Regardez, c’est ce banc avec l’arbre », montre-t-elle depuis le balcon de son salon.

Un an après la démolition de l’emblématique tour, le béton a laissé la place à la verdure. Il manque juste quelques aménagements pour que le quartier achève sa métamorphose. 

EffondrementDimanche 14 mai 2023, à 11 heures, la plus emblématique tour d’habitation de la Creuse a disparu. Le numéro 12 du quartier de Brésard, au cœur de Guéret, a implosé sous l’effet des 200 kilos d’explosifs déclenchés au fil de ses dix étages. Si tous les habitants de la tour ont été relogés depuis longtemps, le 14 mai, les habitants compris dans un rayon de 200 mètres autour de l’édifice ont dû quitter leur logement pour la journée.Avant-aprèsLe paysage a changé depuis la démolition de la tour (janvier 2023 photo du haut, mai 2024 photo du bas). La verdure a remplacé le gris du béton. 

Catherine Perrot

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