Assises de l'Allier : 14 ans de réclusion criminelle pour le violeur qui avait fait vivre un "calvaire" à ses compagnes
Après trois jours d’audience, la cour d’assises de l’Allier a condamné ce mercredi à une peine de 14 ans de réclusion criminelle l’homme qu’elle jugeait depuis lundi pour viols, violences et harcèlement sexuel. Le ministère public avait requis 18 ans.
Depuis le début du procès, ce quadragénaire n’a eu de cesse de contester les principaux faits qui lui étaient imputés : des viols sur trois de ses anciennes compagnes. Non, à ses dires, il n’a jamais violé celles qui avaient partagé sa vie au cœur des années 2010, dans les secteurs de Vichy et Gannat, après des rencontres sur internet. « Je n’ai jamais forcé de rapports », a-t-il martelé. « Oui j’ai un problème avec la sexualité. Mais avec mes compagnes, les rapports, ça a toujours été avec des sentiments ».
Quid de ces rapports sexuels imposés à ses conjointes, avec d’autres hommes aussi « recrutés » sur internet, pour que lui puisse observer ces ébats ? « J’ai toujours eu ce fantasme de voir mes compagnes avec d’autres hommes », a concédé l’accusé, assumant « des pratiques ouvertes ».
Cheveux tirés, insultes, téléphones jetés à terre, chantage au suicideDes pratiques « ouvertes » et des comportements violents, aussi. Car l’homme l’a aussi admis, durant l’audience : oui, il a pu se montrer violent envers ses ex-conjointes. Surtout quand celles-ci refusaient des rapports, avec lui ou d’autres. Cheveux tirés, insultes, téléphones jetés à terre, chantage au suicide... « Oui j’ai pu faire ça. Mais c’est parce que je suis impulsif », a encore reconnu celui pour qui les parties civiles avaient, au début de leurs relations, eu un coup de foudre. Mais les idylles avaient donc tourné court. « Parce que ces femmes ont vécu un calvaire », ont plaidé les avocats des parties civiles, Mes Soleilhavoup, Barge et Nadaud. Pour leurs conseils, ces trois trentenaires « ont toutes le même discours, elles ont été cabossées, coupées du monde extérieur, exploitées. Elles étaient vulnérables, mais l’accusé savait choisir ses victimes... ».
"Oui, il a violé, avec un cocktail de manipulation et d’emprise, en exploitant les fragilités de ces femmes, dont les témoignages se rejoignent et font état de scénarios identiques"
l'avocat général
Aucun doute sur la culpabilité du quadragénaire, non plus, du côté du parquet. Car pour le ministère public, celui dont le casier comporte 16 mentions (notamment pour des faits routiers) a joué « d’un cocktail de manipulation et d’emprise » à l’encontre de ses victimes. « Et oui, il a violé, en exploitant les fragilités de ces femmes, dont les témoignages se rejoignent et font état de scénarios identiques ». Une peine de 18 ans de réclusion criminelle est ainsi requise.
L’avocate de l’accusé, Me Bucci, avait elle plaidé l’acquittement pour les faits de viols. Car si les violences physiques et les faits de harcèlement ont donc pu être reconnus à la barre, « il n y a aucune preuve directe de l’existence des viols ». Et le conseil d’appuyer sur ces incertitudes non levées à l’audience, tant dans les déclarations que dans les dates pointées par des témoins ou des parties civiles. Après cinq heures de délibéré, la cour a finalement condamné le quadragénaire à une peine de 14 ans de réclusion criminelle, avec un suivi socio-judiciaire de cinq ans.
Pierre Geraudie