PEM : Peux-tu rappeler les grandes lignes de la compétition et plus particulièrement de l’édition 2025 ?
Amine Mammeri :Le championnat du monde s’est déroulé à Port- Saint-Louis-du-Rhône, du 23 au 30 août. Il y avait 13 nations et 21 teams engagés, dont deux équipes françaises. Cette année, j’avais sélectionné les compétiteurs dès avril, ce sont des profils de pêcheurs variés qui proviennent de différentes zones géographiques : trois de Frontignan, deux de Port-Saint-Louis et deux de Marseille. C’est une compétition très attendue, car elle rassemble l’élite mondiale des pêcheurs au gros. Chaque nation envoie ses meilleurs représentants, ce qui rend le niveau extrêmement relevé et exigeant.
« C’était très technique, avec beaucoup de contraintes, mais aussi passionnant ! » Amine Mammeri capitaine de l’équipe de France Championnat du monde Big Game 2025 à Port-Saint-Louis-du-Rhône
PEM : Comment se déroule l’organisation d’un championnat du monde ?
Cette année, la météo a-t-elle compliqué les choses ?
Amine Mammeri : Oui, il y a eu du mistral et nous avons dû décaler la compétition d’un jour. La pêche a été très irrégulière : certaines équipes ont fait zéro prise un jour et huit le lendemain. La France, par exemple, a eu une régularité moindre mais constante, avec un poisson chaque jour. C’est ce qui rend ce championnat si passionnant et si difficile : il ne suffit pas d’être un bon pêcheur, il faut aussi savoir s’adapter aux conditions changeantes, aux courants et à la disponibilité des poissons.
PEM : J’ai cru comprendre qu’il y avait également eu un changement de réglementation ?
La FIPS (instance tutrice internationale) nous a indiqué peu avant la compétition que la maille des poissons a été réduite de 1,60 m à 1,15 m, ce qui a complètement bouleversé notre stratégie de pêche.
Amine Mammeri : Pour attraper les gros spécimens, on doit pêcher au fond, entre 65 et 80 m, en tenant compte des courants. Cette modification a nécessité d’adapter immédiatement notre approche et de recalculer toutes nos méthodes, le choix des plombs, des appâts et des techniques de maniement. Ce type de changement peut vraiment avoir une influence sur le classement final et la performance des équipes.
Amine Mammeri : Oui, Monaco est considéré comme un pays à part entière, avec sa propre équipe. Cela montre bien que le championnat ne se limite pas aux grandes nations, mais inclut aussi des équipes plus petites mais très compétitives, capables de rivaliser avec les meilleurs. Ils ont d’ailleurs fait une très belle 5e place.
PEM : Parle-nous un peu de ton rôle dans la pêche sportive.
Amine Mammeri : Je suis président de la commission nationale Big Game à la FFPS, ce qui signifie que je gère le thon rouge en France : quotas, parcs nationaux, réglementation et soutien aux pêcheurs. Je suis également vice-président de la Confédération Mer et Liberté. Mon rôle consiste à veiller à l’équilibre entre la préservation de l’espèce et la pratique sportive. Cela inclut des discussions avec les autorités, la mise en place de quotas, le suivi scientifique et l’organisation des championnats internationaux.
PEM : Et pour l’équipe de France ?
Amine Mammeri : En tant que sélectionneur et capitaine, j’essaye d’avoir l’équipe la plus complémentaire possible. Cette année 2025, elle était hétérogène mais très soudée. La cohésion et la confiance sont essentielles, car la pêche au thon rouge est exigeante et demande une coordination parfaite entre les membres d’un bateau.
PEM : Quelles ont été tes plus belles expériences en tant que capitaine ?
Amine Mammeri : Le Sénégal reste un moment fort : nous avons été vice-champions du monde. L’Afrique du Sud a aussi été exceptionnelle, malgré quelques problèmes d’organisation et de matériel. Chaque championnat apporte son lot d’enseignements. Il y a une vraie fierté à représenter la France et à partager ces moments avec des pêcheurs passionnés venus du monde entier.
PEM : Quelles qualités faut-il pour pratiquer le Big Game ?
Amine Mammeri : Technique et observation sont essentielles. La force brute n’est pas nécessaire, surtout en stand-up. Il faut savoir lire les courants et comprendre les comportements des animaux. C’est une pêche complexe et potentiellement dangereuse : il y a déjà eu des accidents graves. Chaque décision compte, du choix du point de pêche à la façon de gérer le combat avec le poisson. C’est un sport qui allie stratégie, endurance et respect de l’environnement.
PEM : Que retires-tu personnellement de tout cela ?
Amine Mammeri : La pêche, c’est d’abord le partage et la passion. Il n’y a pas de clivage social : on peut être sur un bateau avec des personnes très différentes et n’avoir qu’un seul objectif qui est de prendre du poisson. Être impliqué dans la fédération demande beaucoup de temps et d’énergie, mais c’est une vraie source de satisfaction. Chaque rencontre est enrichissante et chaque compétition apporte son lot de souvenirs et d’histoires.