Théâtre du Châtelet: un as des claquettes dans "42nd Street"
"Je fais des claquettes depuis l'âge de 3 ans", confie le Britannique Stephen Mear, qui signe à 52 ans la chorégraphie et la mise en scène de "42nd Street", au théâtre du Châtelet à Paris du 17 novembre au 8 janvier.
Aujourd'hui courtisé par le West End londonien comme par Broadway (où il va monter prochainement sa production londonienne de "Sunset Boulevard" avec Glenn Close), le Britannique raconte comment tout petit, il se glissait entre les rangs dans les cours de danse de sa mère.
"J'adorais ça, d'autant que j'étais profondément dyslexique à l'époque, et que la danse me permettait enfin de briller quelque part", ajoute-t-il. Sa dyslexie n'a été repérée qu'à 16 ans, et "la danse était vraiment un moyen de m'exprimer".
A 20 ans, alors qu'il est encore en formation, Stephen Mear est engagé à Londres dans deux comédies musicales, "Evita" et "42nd Street", première adaptation à Londres (après Broadway) du film de la Warner de 1933 réalisé par Lloyd Bacon.
"La comédie musicale avait débuté à peine trois mois plus tôt, et deux danseurs avaient quitté la production, je me suis retrouvé embauché", raconte-t-il. "C'était une chance inouïe pour un danseur qui débutait dans le métier".
Stephen Mear va participer comme danseur à de nombreux "musicals" pendant une quinzaine d'années, avant de passer progressivement à la chorégraphie et à la mise en scène.
Ses productions ont été couronnées à deux reprises par le prestigieux "Laurence Oliver Award" de la meilleure chorégraphie, pour "Mary Poppins" (2005, en co-réalisation avec Matthew Bourne) et "Hello Dolly" (2010). "Mary Poppins" a ensuite été donnée à Broadway pendant pas moins de six ans!
"42nd Street" tient une place à part dans le panthéon des comédies musicales. Tirée d'un film -alors que le transfert s'effectue souvent dans l'autre sens, de la scène au cinéma- le spectacle comprend cinq numéros de claquettes ébouriffants, la spécialité de Stephen Mear.
C'est ce talent pour les claquettes qui a convaincu le directeur du Châtelet Jean-Luc Choplin de faire appel à lui, après le succès de "Singin' in the Rain", créé au Châtelet en 2014/15, dont il avait signé la chorégraphie. Un défi, puisqu'il s'agissait de créer de nouveaux numéros de claquettes, après ceux du légendaire Gene Kelly.
- Dernière production du Châtelet -
"La réaction du public français a été extraordinaire. Les claquettes ont ceci de spécial qu'elle rendent joyeux, c'est le meilleur antidote à la morosité", constate-t-il.
"Quand nous avons repris +Singin' in the Rain+ en novembre 2015 au Châtelet, c'était quelques jours seulement après le Bataclan. L'équipe est arrivée à Paris le jour même des attentats. C'était horrible, mais la chose merveilleuse c'est que les gens ne sont pas restés chez eux, ils ont décidé de combattre le repli, d'aller au théâtre et de ne pas se laisser abattre".
Pour sa dernière production avant travaux, le Châtelet a vu grand: des décors spectaculaires et des costumes années 30 entièrement faits dans les ateliers du théâtre et une distribution de 46 danseurs en comptant les doublures, dont une dizaine de Français. "Ici, vous avez de merveilleux danseurs, chanteurs et acteurs, mais il s'agit de faire les trois en même temps, et il n'y a pas beaucoup d'écoles en France qui font les trois", constate-t-il.
42nd Street appartient à un genre particulier de comédies musicales, le "backstage musical", qui raconte le montage d'une production. Une jeune danseuse, Peggy, arrive en retard à l'audition, mais une fille manque à l'appel et elle la remplace à la dernière minute. Lorsque la vedette féminine du spectacle se casse une cheville, sa "doublure" Peggy tient sa chance.
La fiction rejoint parfois la réalité: c'est en voyant Ria Jones, alors doublure de Glenn Close, la remplacer au pied levé dans "Sunset Boulevard" que Jean-Luc Choplin, épaté, l'a embauchée pour le rôle clé de Dorothy dans "42nd Street".. when the dream comes true!