Rigueur, honnêteté, exigence et idées : Sébastien Bichard, le nouveau coach du Clermont Foot, vu par ceux qui l’ont côtoyé
Intronisé entraîneur principal adjoint du Clermont Foot, ce lundi soir, Sébastien Bichard va prendre la lumière après être longtemps resté dans l’ombre. En Suisse ou avec le Kosovo, ça ne l’a pas empêché de faire forte impression.
Personne ne l’a vu venir, sauf lui. Ou presque… Quand il a appris que Sébastien Bichard allait rejoindre le Clermont Foot pour s’occuper de l’équipe première, Tim Guillemin n’a eu qu’un mot : « Enfin ».
Journaliste suisse au sein du média Blick, il a suivi l’éclosion du Franco-Suisse qui doit rallier les rangs du dernier de Ligue 1 pour épauler Pascal Gastien, avant de prendre sa suite, la saison prochaine. Il l’a vu démarrer à Nyon, dans un club mal structuré, puis poursuivre à Vaud et enfin Sion, avec lequel il a même travaillé au sein du club du président Christian Constantin. Son avis n’a pas varié et son arrivée à la tête d’une équipe professionnelle française est surtout, pour lui, la fin d’une anomalie :
« J’ai vite été frappé par l’exigence, et le feu qui brûle en lui. À Nyon, il a amené quelque chose de différent, il sortait du lot. À Sion, j’ai vu ce qu’il mettait au quotidien dans ses séances, son implication. Il entraînait la réserve mais je le trouvais déjà plus fort que tous les autres entraîneurs de D1 ».
De Sébastien Bichard, il n’a d’ailleurs « pas peur de dire que de tous les techniciens que j’ai côtoyés en Suisse, c’est de loin le meilleur ».
Ce n’est pourtant pas le plus connu, c’est le moins que l’on puisse dire. Alors que d’anciens joueurs plus réputés, comme Peter Luccin ou Zoumana Camara, ont été proposés au Clermont Foot pour l’après-Gastien, le club a jeté son dévolu sur un entraîneur qui a surtout convaincu dans l’ombre des autres. Avec la sélection du Kosovo, il est resté dans celle d’Alain Giresse après celle de son prédécesseur Bernard Challendes. Mais le champion d’Europe 1984 a vite décelé un potentiel qui n’attendait que de pouvoir s’exprimer.
« Certains font carrière comme ça, quand les planètes s’alignent, et il n’a pas eu cette chance », explique celui qui a découvert « quelqu’un de très sérieux, très professionnel » à son arrivée. « Il a de la rigueur pour préparer, pour organiser et mettre en place certaines choses. Mais il a aussi de la sensibilité sur le jeu, les aspects tactiques et techniques ».
Pragmatique, pas dogmatiqueFormé à Châteauroux, l’ancien défenseur a eu une carrière de joueur modeste, semi-professionnelle, entre la D3 et la D4 suisse. « Pas celle qu’il aurait voulu faire, reconnaît Fred Zago. Mais avec sa personnalité, je ne suis pas surpris qu’il ait pris cette voie ». Son ancien formateur à la Berrichonne, passé lui aussi par le Clermont Foot, parle de lui comme d’un « gamin », mais « un gamin à l’écoute, respectueux, qui avait de bonnes notes à l’école, et qui était facile à entraîner ».
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À son contact, comme à celui de tous les entraîneurs qu’il a accompagnés - jusqu’au dernier, Habib Beye, au Red Star -, Sébastien Bichard a façonné une certaine vision du football. « Il est pragmatique mais ce n’est pas un dogmatique, précise Tim Guillemin. Ce n’est pas un esthète du beau jeu pour le beau jeu. Il a des principes très clairs, mais il sait s’adapter. Ce n’est pas un théoricien, il vit le football ».
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— Clermont Foot 63 (@ClermontFoot) March 4, 2024Il le vit même 24 heures sur 24. Boulimique. « Avec lui, ça ne rigole pas, se marre justement Alain Giresse. Il est dans le foot du matin au soir, à préparer les choses avec beaucoup de minutie ». « Il a tout sacrifié pour le foot », complète Tim Guillemin, quand Anthony Maisonnial, le gardien d’Andrézieux (N2) passé par Sion, décrit « un passionné », doté d’« une super connaissance foot ».
« Lui, il est vrai »Derrière le technicien, l’homme fait aussi l’unanimité. Charismatique, Sébastien Bichard est décrit comme « quelqu’un de sérieux, d’honnête » par Alain Giresse : « Il n’est pas tordu comme certains qui peuvent vous faire croire tout et n’importe quoi. Lui, il est vrai ».
« Il est humble et a les pieds sur terre », complète Tim Guillemin, en revenant sur l’exigence du quarantenaire, capable de refouler un jeune de Sion mal habillé lors de l’inauguration du centre d’entraînement :
« Il ne fait pas de concession. Il est obsédé par le détail, la bonne tenue, le comportement… Il fixe un cadre avec ses joueurs, et il attend qu’ils mettent autant d’exigence que lui. »
Des principes qu’il devrait vite mettre en œuvre à Clermont, où il n’arrive pas tout à fait en terre inconnue. Le Franco-Suisse y avait passé une semaine en stage, début 2022, dans le cadre de sa formation. Avec Pascal Gastien, le courant était bien passé et le club mise aussi là-dessus pour faciliter l’intégration du nouveau venu, qui retrouvera également Aurélien Bassement, du côté du Montpied. Nommé coordinateur du recrutement du Clermont Foot en début d’année, l’homme a travaillé avec Bichard, au FC Sion. Une autre façon de préparer l’après.
Laurent Calmut