Les élus du Conseil régional des jeunes de Nouvelle-Aquitaine en quête de sens à Oradour-sur-Glane
Alors que le mandat du premier Conseil régional des jeunes (CRJ) de Nouvelle-Aquitaine s’achève, que le 80e anniversaire de la Libération de la France se profile et que les conflits se multiplient aux portes de l’Europe, une visite s’impose : celle du village martyr d’Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne.
« C’est l’endroit qui a vécu l’horreur absolue. » Catherine La Dune, vice-présidente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, qui habite à 10 kilomètres du village martyr, sort de sa voiture ce samedi matin, accompagnée de sa fille adolescente. Elle reçoit dans son fief une trentaine d’élus du Conseil régional des jeunes (CRJ) de Nouvelle-Aquitaine, qui finissent leur mandat. « À vous, jeune génération, incombe de dire qu’Oradour n’est pas juste un souvenir mais aussi un avertissement », lance-t-elle, avant de leur souhaiter « bon courage ».
Une plongée au cœur de l’horreurDu courage, il va leur en falloir. « Le village martyr est un lieu chargé qui ne laisse pas indifférent… à partir du moment où on y met du sens, avertit à son tour Babeth Robert, directrice du Centre de la mémoire (CMO). Il s’agit d’un village en ruines, donc il est difficile, voire impossible, de se passer d’explications… » Lesdites explications seront fournies par Sylvie Ramond, guide-conférencière, lors de la visite de l’exposition permanente. Un préambule nécessaire avant la visite du village martyr. « J’ai envie de vous féliciter car vous faites un choix d’engagement citoyen et vous redonnez espoir », a conclu la gardienne des lieux, avant de leur ouvrir la porte.
Pour les accompagner dans cette plongée au cœur de l’horreur, Fabien Devilliers se fait pédagogue. Ce jeune Corrézien de bientôt 30 ans (en juin, un hasard de date), s’est lancé dans une aventure mémorielle qui fait écho auprès des jeunes du CRJ, lycéens, apprentis, en service civique, déjà salariés ou en recherche d’emploi. Il a donné du sens à sa vie. « Il y a deux ans, je vivais dans les Pyrénées-Atlantiques et j’ai eu envie de partir à vélo jusqu’à Auschwitz. Une idée qui me taraudait depuis dix ans. »
3.000 kilomètres après, à travers la France, l’Allemagne et la Pologne, il publie L’Aventure mémorielle aux éditions Mon Limousin, un livre préfacé par son professeur d’histoire-géographie du lycée, Jean-Michel Valade. Et offert par la Région Nouvelle-Aquitaine aux participants à cette sortie à Oradour-sur-Glane.
Donner du sensL’engagement citoyen, Fabien Devilliers le connaît bien, élu comme conseiller municipal à 18 ans à Allassac en Corrèze. « J’en avais marre des beaux discours, des cérémonies, d’une forme d’hypocrisie, avoue-t-il. Je me demandais comment, moi, je rendrais hommage. » Ce féru d’histoire et de sport a trouvé le moyen de conjuguer ses passions et de donner du sens à sa vie. Il est devenu un passeur d’Histoire.
La trentaine de jeunes élus qui l’ont suivi ce samedi le deviendront peut-être, bouleversés par le sort des 643 victimes du massacre d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944. Des hommes, des femmes et des enfants. Ils retiendront peut-être l’une des citations qui concluent l’exposition permanente, celle de Raymond Aron qui s’interroge : « Nous le savons, l’homme est un être raisonnable, mais les hommes le sont-ils ? »
Maryline Rogerie
Photos : Thierry Sallaud