Мы в Telegram
Добавить новость
smi24.net
La Montagne
Март
2024

"Il y aura toujours un domaine skiable" : quel visage pour le Lioran en 2050 ?

0

La station a refermé ses portes après une saison compliquée. Cet hiver sera la norme à l’horizon 2050, estime Hervé Pounau, le directeur du Lioran. Comment les professionnels de la moyenne montagne s’adaptent-ils au dérèglement climatique ? Le responsable répond à cette problématique et indique la poursuite des investissements de cette « pépite » dont les retombées peuvent osciller entre 30 et 40 millions d’euros.

À quoi ressembleront nos hivers en 2050 ? « À une saison comme celle que nous venons de vivre, selon les modélisations du réchauffement climatique et le schéma envisagé par le “fameux” rapport de la Cour des comptes », répond Hervé Pounau, directeur de la SAEM Super Lioran Développement, dont le domaine skiable a refermé ses portes dimanche, au sortir d’un exercice 2023-2024 délicat et de l’hiver le plus chaud jamais enregistré dans le monde.

Si le manque de neige dans les stations de moyenne altitude est une problématique connue de longue date – et le sera encore plus demain avec les conséquences annoncées du dérèglement climatique (*) – cela n’empêche pas la plus grande station du Massif central de réfléchir à l’après. « Il y aura toujours une activité d’hiver et nous aurons également, demain, des équipements complémentaires », assure Hervé Pounau, pour qui cette saison a une vertu : elle a démontré l’utilité du ski au Lioran. « La clientèle d’hiver vient pour pratiquer des sports de glisse. Nous l’avons constaté à Noël et début février : nous avons eu très peu d’annulations malgré le faible nombre de pistes ouvertes. À côté de cela, il y avait les animations hors neige proposées, ainsi que la patinoire, la tyrolienne, le téléphérique et le Déval’luge… »

Entre 30 et 40 millions d’euros de retombées

Le responsable rappelle l’intérêt du Lioran dans le Cantal : « Notre positionnement n’est pas le même que celui d’une station dans les Alpes, où elles sont toutes en concurrence à une vingtaine de kilomètres près. Nous sommes la seule et le point culminant du département. Avec le plomb du Cantal, nous avons plus d’intérêt qu’une station classique qui a tout basé sur le ski ».

« Pendant longtemps, des stations bien connues des Alpes n’avaient pas de chiffre d’affaires l’été et elles s’en contentaient. Nous, nous avons toujours eu une part d’activité estivale avec les randonneurs qui empruntent le téléphérique pour se rendre au plomb, qui ne représente que 5 à 10 % de notre chiffre d’affaires. » 

Sans parler du poids économique : 6.000 hébergements sur la station, 400 emplois au plus fort de la saison, entre 30 et 40 millions d’euros de retombées les bonnes années. « Il y a aussi l’économie induite dans les vallées, mais elle est plus difficile à quantifier », précise Hervé Pounau, qui cite les fournisseurs des restaurateurs et des hébergeurs, les propriétaires de gîtes qui font le plein pendant l’hiver… « Le territoire ne peut pas remettre en cause la station, car on a une pépite qui s’appelle le Lioran et où il y a déjà toutes les infrastructures nécessaires. Oui, il faut continuer à investir pour conforter l’existant en tenant compte de cette logique de changement climatique. »

Un plan d'investissement dévoilé cette année

Un plan d’investissement doit être dévoilé cette année par le Département, actionnaire principal de la SAEM, qui exploite les remontées mécaniques et le domaine skiable du Lioran, dans le cadre de la stratégie quatre saisons à l’horizon 2035-2040. Car si le caractère hivernal du domaine est incontournable, il s’agit également d’envisager une meilleure utilisation du site le reste de l’année. « Il faut réfléchir au juste équilibre financier et à l’organisation de ce modèle pour conforter ce qui est incontestablement, notamment en période hivernale, un poumon essentiel de l’économie touristique cantalienne », indique Bruno Faure, le président du conseil départemental.

Une chose est sûre : le ski restera la raison d’être de la station. L’étude Climsnow, diligentée auprès de Météo France sur les perspectives d’enneigement au Lioran à l’horizon 2050, prévoit entre 86 et 88 jours d’enneigement (en intégrant les capacités de production de neige de culture), soit 30 jours de moins que la moyenne des 15 dernières années. « Plus on pourra diversifier, mieux ce sera, mais notre modèle repose sur la neige », affirme l’élu. Avec plus d’enneigeurs pour sécuriser la quarantaine de pistes, qui vont de 1.160 mètres à 1.855 mètres d’altitude, alors que la neige se fait de plus en plus rare en dessous de 1.250-1.300 mètres ?

« Il y aura toujours un domaine skiable au Lioran en 2050, mais pas forcément sur le même périmètre que celui que nous connaissons aujourd’hui. Dans les dix ans, nous allons éteindre progressivement certaines remontées mécaniques aujourd’hui peu utilisées. L’idée n’est pas d’agrandir notre réseau de production de neige de culture, mais de poursuivre sa modernisation pour consommer moins d’eau et d’électricité. »

La station prélève environ 200.000 m3 d’eau l’hiver, « restitués au milieu naturel lors de la fonte. À titre de comparaison, cela représente l’équivalent d’une seconde du débit moyen de la Cère… »

Accroître de 600 lits chauds la capacité d’hébergement

Parmi les investissements annoncés figurent le centre aqualudique et bien-être, une nouvelle luge sur rail et la reconfiguration de la patinoire en espace polyvalent dédié à l’accueil d’activités indoor, de séminaires… Mais cela nécessite d’accroître également de 600 lits chauds la capacité d’hébergement sur le site, synonyme d’un million d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire pour la SAEM, au travers des remontées mécaniques. « Le secteur privé, sollicité pour accompagner ce projet de diversification, n’investira dans l’hébergement que s’il a confiance dans ce projet de station », convient Bruno Faure, qui imagine l’aménagement d’un sentier ludique au plomb du Cantal pour valoriser le relief et des activités estivales autour des retenues d’eau de la station. Mais tout cela a un coût : une vingtaine de millions d’euros, estime l’élu. Reste maintenant à déterminer qui fait quoi entre la SAEM, les collectivités locales et les privés. « Le Département et la SAEM ne pourront pas tout porter. » (*) Hausse des températures de près de 2 degrés, moins de jours de gel, de la neige qui aura tendance à se raréfier, mais sans disparaître totalement et une augmentation des précipitations.

Emmanuel Tremet











СМИ24.net — правдивые новости, непрерывно 24/7 на русском языке с ежеминутным обновлением *